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13. DÉCRET DE LA VILLE DE THASOS EN L'HONNEUR DE POLYARÉTOS FILS DE HISTIAIOS

Musée National de Poznań, inv. FR 588. Musée National de Varsovie, Département de l'Art antique, inv. 147446, no. du dépôt 3283.

Lieu et contexte de la découverte inconnus. Vu à Thasos dans les années soixante-dix du XVIII s. par Choiseul-Gouffier qui fit ensuite transporter la pierre à Smyrne où elle aurait disparu dans le grand incendie de la ville (avant 1809). Avant 1829 le monument devint propriété de la famille Raczyński à Rogalin (Grande-Po-logne) apporté très vraisemblablement par Edward Raczyński en souvenir de son voyage à Constantinople et Asie Mineure effectué en 1814. Après avoir disparu avant 1887 à Rogalin, la pierre y fut retrouvée à la fin du XIX s. Depuis 1946 en dépôt au Musée National de Varsovie.

Marbre blanc. Plaque; h. 49,5 cm, l. 124 cm, ép. 4,8 cm; à part quelques ébréchures sur les bords et la surface, le monument est conservé intact; inscription légèrement endommagée à la fin des lignes 1, 10-12, 16 et au milieu des lignes 12-13. Lettres carrées. Le trait médian dans l'epsilon plus court que les autres, le thêta rond avec un point au milieu, le ksi avec un trait vertical, la haste droite dans le pi plus courte que la gauche, dans le sigma les traits extérieurs divergents, les traits de l'upsilon écartés et recourbés. H. des lettres: 1,7 - 1,8 cm, h. moyenne d'interligne: 1,4 cm.

D'après la pierre vue à Thasos, avec remarque sur la disparition du marbre dans un incendie à Smyrne, M.-G.-F.-A. Choiseul-Gouffier, Voyage pittoresque de la Grèce II, Paris 1809, p. 165: texte en majuscule. D'après Choiseul-Gouffier et deux autres copies: celle du professeur russe Koehler exécutée très vraisemblablement à Smyrne et celle de Wojciech Morawski (d'excellente qualité) faite à Rogalin en Pologne, A. Boeckh, CIG II 2161 (F. Bechtel, Die Inschriften des ionischen Dialekts [= Abhandlun-gen der Königlichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen 39], Göttingen 1887, p. 57-59, no. 72 avec remarque sur la disparition du monument à Rogalin; M. Dhmi/tsaj [Dimitsas], Sullogh\ 1409 e(llenikw=n kai\ latinikw=n e)pigra/fwn th=j Makedoni/aj, Athènes 1896, p. 854-857, no. 1130; Michel, Recueil, no. 354; F. Bechtel, SGDI III 2, no. 5464). D'après la copie de E. Jacobs exécutée à Rogalin après la redécouverte de la pierre, C. Fredrich, IG XII 8, 267: très bonne édition du texte mais sans apparat critique. D'après la pierre au Musée National de Varsovie, A. Łajtar, « Decret de Thasos au Musée National de Varsovie »), Meander 49 (1994), p. 167-182: texte grec, traduction polonaise, commentaire développé, bref résumé en latin, photo.

Cf. P. Perrot dans: Archives des missions scientifiques et littéraires 1 (1864), p. 41 (traduction française de l'inscription, discussion sur différents aspects du décret: magistrats, obligation de s'inscrire dans une patra). H. Swoboda, Die Griechische Volksbeschlüsse. Epigraphische Untersuchungen, Leipzig 1890, p. 225 (sur la formulation du prescrit du décret). E. Szanto, Das griechische Bürgerrecht, Freiburg 1892, p. 59 (sur les aspects juridiques du droit de cité accordé à Poliaretos et à ses enfants par Thasos).

E. Jacobs, Thasiaca, Berlin 1893, p. 39-40 (sur la procédure de vote du décret). E. Jacobs, AM 22 (1897), p. 131, note 1 (signale qu'il a redécouvert l'inscription considérée comme perdue). R. Martin, BCH 54-55 (1940-41), p. 187-192 (sur la fonction d'hieromnémon) J. Pouilloux, Recherches sur l'histoire et les cultes de Thasos I, De la fondation de la cité à 196 av. J. C. [= Études Thasiennes 3], Paris 1954, p. 272-278 (se basant sur le fragment de la liste des archontes qu'il publie, il corrige le nom du troisième archonte - T?e?i?s?i?k?r?[a/tou] à la place de E?????et fixe la date de l'inscription; nombreuses observations prosopographiques). K. Michałowski, Sztuka starożytna. Muzeum Narodowe w Warszawie, Warszawa 1955, p. 180 (mentionne que l'inscription est au Musée National de Varsovie). P. Bernard, P. Salviat, BCH 86 (1962),

p. 580, no. 1 (publication d'un nouveau fragment de la liste des archontes qui confirme la lecture du nom du troisième archonte proposée par Pouilloux; nouvelles remarques prosopographiques). L. Robert, Annuaire de l'École des Hautes Études 1961-1962, p. 55-56 = Op. Min. IV, p. 205-206 (histoire de l'inscription à partir du mo-ment où elle fut copiée par Choiseul-Gouffier; il note que l'inscription est conservée au Musée National de Varsovie). L. Robert, Hellenica XIII [1965], p. 153, note 8 (sur Koehler, professeur russe, qui a copié l'inscription au début du XIX s.). idem, Berytus 16 (1966), p. 15 = Op. Min. VII, p. 647 (histoire de l'inscription avec mention que l'inscription se trouve au Musée National de Varsovie; cf. J. et L. Robert, Bull. épigr. 1968, 79 et 407). A. Łajtar, ZPE 112 (1996), p. 138-139 (confirme la lecture du nom du troisième archonte proposée par Pouilloux et lit poih/?[sai à la fin de ligne 12). Ph. Gauthier, Bull. épigr. 1997, 449 (sur la publication de Łajtar dans: ZPE 112 (1996), p. 138-139; il propose de lire poih=?[sai à la fin de ligne 12). P. J. Rhodes, D. M. Lewis, The Decrees of the Greak States, Oxford 1997, p. 295 (citations de fragments du décret). A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 148 (histoire de la pierre) et p. 153, no. 14 (bibliographie). SEG XLVI 1190 (sur la publication de Łajtar dans: ZPE 112 [1996], p. 138-139).

290-280 av. J.-C., d'après la prosopographie et la paléographie.

)?????

rxo/ntwn )Aristokleu=j tou= Satu/rou, )Arist[o]me/neuj tou= )Amw[mh/-tou], T??

eisik[ra/teuj]

tou= Biti/wnoj, qeuroi\ )ne/gracan )Amfhri/dhj Simali/wnoj, EÎfrilloj Pagxa/reuj, Timoklh=?

[j] Xoi/rou kata\ ch/fisma boulh=j kai\ dh/mou w )Agaqh=i Tu/xhi: e)peidh\ Polua/rhtoj ı ÑIstiai/ou pro/jenoj 4 Ãn kai\ eu)erge/thj th=j po/lewj )nh\r )gaqo\j gege/nhtai peri\ th\n po/lin th\n Qasi/wn kai\ poei= o(/ ti du/-natai )gaqo\n kai\ koinh=i th\n po/lin kai\ fidi/ai tou\j e)ntugxa/nontaj au)tw=i: dedo/xqai th=i boulh=i kai\ tw=i dh/mwi: e)paine/sai me\n Polua/rhton ÑIstiai/ou )reth=j ßneken kai\ eu)noi/aj th=j efij th\n po/lin th\n Qasi/wn kai\ ei)=nai Polua/rhton poli/thn kai\ tou\j pai=daj tou\j Ñ Istiai/ou tou= Poluarh/tou, Polua/rhton 8 kai\ )Antige/nhn kai\ ÑIstiai=on kai\ ta\j qugate/raj Parme/nousan kai\ Ni/kan kai\ ge/noj to\ e)k tou/twn ge?-?no/menon kai\ metei=nai au)toi=j pa/ntwn œn kai\ toi=j êlloij Qasi/oij me/testin: fie/nai d' au)tou\j kai\? [e)pi\]

pa/trhn ∂n ín pei/qwsin. )nagra/cai de\ to/de to\ ch/fisma tou\j qeurou\j e)pi\ to\ th=j )Aqhnai/hj flero/n, ·?

[na] í?n )podei/jwsin ofl êrxontej: o(/ ti d' ín )na/lwma gi/nhtai efij tau=ta, dou=nai to\n fleromnh/mona. mh\? [e)jei=]-12 nai de\ u(pe\r tou/twn mhdeni\ mh/t' efipei=n, me/t' e)pe?

?[lqei=]n u(pe\r lu/sioj, mh/t' e)pichfi/sai )krate/a poih=?

[sai tau=]-ta ta\ e)chfisme/na. ˘j d'ín para\ tau=ta e‡phi µ e)pe/l?q?hi µ e)pich-fi/shi, ta/ te do/janta êkura ¶stw ka?

[i\ xi]li/ouj stath=raj Ùfeile/tw flerou\j? tw=i )Apo/llwni tw=i Puqi/wi, xili/ouj de\ th=i po/lei. dikasa/sqwn de\??

o[fl )po/]-logoi: ín de\ mh\ dika/swntai, au)toi\ Ùfeilo/ntwn, dikasa/sqwn de\ )po/-logoi ofl meta\ tou/touj aflreqe/nt??

e[j]: 16 dikasa/sqw de\ kai\ tw=n êllwn, kai\ ín ı fidiw/thj nikh/shi metei=nai au)tw=i to\ ¥musu th=j ka????

tad[i/khj].

EPI TVN ARXONTVN Choiseul-Gouffier comme conjecture | ARISTOKLEOUS Choiseul-Gouffier, )Aristokle/ouj Boeckh | ...OMENOUS Choiseul-Gouffier, )Aristome/neuj Boeckh d'après Morawski qui a copié ARISTOMENEUS (ARIOMENEUS Koehler), )Aristome/nou Bechtel, SGDI | AMVMHTOU.......TOU.... Choiseul-Gouffier, AMVMHTOU.. ..JIS...TOU Boeckh (JIS d'après Morawski), )Amwmh/tou [Lu]sis[tra/]tou Bechtel, Die Inschr. des ionischen Dialekts, Michel, )Amwmh/tou ..jis[tra/]tou Dimitsas, )Amwmh/tou [De]ji-s[tra/]tou Bechtel, SGDI, )Amw[mh/t]ou E???????????u)str[a/tou] Fredrich, Teisik[ra/tou] complète Pouil-loux, Recherches || 2. QEURIAN EGRACAN...HRIDHS Choiseul-Gouffier, EUPRILLOS ..... AREUS TIMOKLEOUS..... Choiseul-Gouffier, Timokle/[hj] Boeckh d'après Morawski, Timokl(h=)[j] Bechtel, Die Inschr. des ionischen Dialekts, Bechtel, SGDI, Timokle/|[hj] Dimitsas, Timokl[h=j] Michel || 3. ..OIBOU Choiseul-Gouffier, PROSTATHS Choiseul-Gouffier || 4. PROS TA DU Choiseul-Gouffier, POESTI Boeckh dans la transcription d'après Morawski (PROS AUTOUS Koehler), poe[i= o(/]ti Boeckh dans l'édition || 5. NATA AGAQUNVN Choi-seul-Gouffier || 6. POLIN KAI DHMON Choiseul-Gouffier comme conjecture || 8. ANTIGE-NH; QUGATRAS; GENOS EJ AUTVN Choiseul-Gouffier || 9. EINAI Choiseul-Gouffier | e)?| [pi\] Fredrich || 10. ên Michel INA Choiseul-Gouffier, Boeckh (d'après Choiseul-Gouffier; chez Morawski lacune, ENEKEN Koehler) || 11. ANALVMA EIH EIS Choiseul-Gouffier | ge/netai Dimitsas | IEROMNHMONA EJ Choiseul-Gouffier, fleromnh/mona m[h\ e)jei=]|nai suppl. Boeckh d'après Morawski || 12. MHTE EIPEIN MHT EPERVTHSAI Choiseul-Gouffier, MHTERVTHSAI Boeckh d'après Choiseul-Gouffier (Morawski: METEG----N, Koehler: METEPIGRAFEIN), me/te efipei=n mh\t' Fredrich, lire mh/t' e)pe? |[lqei=]nKRATEIN DE PAN Choiseul-Gouffier, kratei=n de\ pa/n|ta Boeckh d'après Choiseul-Gouffier (Morawski: ANIATHAROI), e)krate/a ei)=na[i tau=]|ta Fredrich; )krate/a poih/?[sei tau=]|ta suggéré par Łajtar, )krate/a poih=?[sai tau=]|ta Gauthier || 13. EPERVTHSAI Choiseul-Gouffier, EPERV-THSHI Boeckh d'après Choiseul-Gouffier (chez Morawski lacune pour RVTHS, Koehler, SPEREVL) | KAI XI Choiseul-Gouffier, Boeckh || 14. TVI avant APOLL omet Choiseul-Gouffier, Boeckh | DE OI PO Choiseul-Gouffier, Boeckh || 15. AIREQHSOMENOI Choi-seul-Gouffier, aflreqe/n[tej] suppl. Boeckh d'après Morawski qui a copié AIEQEI (Koehler: AIRESQEN) || 16. DIKASASQVNDE Choiseul-Gouffier | ı e)qe/lwn omet Choiseul-Gouffier, ı qe/lwn Boeckh d'après Morawski (omis chez Koehler) | HMISU Choiseul-Gouffier, Boeckh | KATADIKHS Choiseul-Gouffier, Boeckh, katadi/[khj] Fredrich

Sous les archontes Aristoklès fils de Satyros, Aristoménès fils d'Amométos, Teisikratès fils de Bitiôn, les théores Amphéridès fils de Simaliôn, Euphrillos fils de Pancharès, Timoklès fils de Khoiros ont fait graver conformément au décret du conseil et du peuple. À la Bonne Tyché. Attendu que Polyarétos fils de Histiaios, proxène et bienfaiteur de la cité, est un homme généreux envers la cité des Thasiens et qu'il fait tout ce qui est en son pouvoir aussi bien pour l'ensemble de la cité que pour les particuliers qui s'adressent à lui, le conseil et les citoyens ont décidé (ce qui suit): honorer Polyarétos fils de Histiaios pour ses vertus et son dévouement à l'égard de la cité des Thasiens en lui octroyant, à lui et à ses fils Polyarétos, Antigénès et Histiaios et à ses filles Parménousa et Niké ainsi qu' à leurs descendants, le droit de cité et tous les autres droits que possèdent les citoyens de Thasos et leur permettre d'entrer dans la patrè de leur choix qui les y autorisera. Le présent décret sera gravé par les théores dans le temple d'Athéna, à l'endroit indiqué par les archontes. Quant à l'argent destiné à couvrir les frais de l'opération, il sera livré par l'hieromnémon. Personne n'est en droit de contester ces décisions ni en les critiquant ni en demandant leur annulation devant le conseil ni en faisant voter d'autres décrets qui invalideraient les présentes décisions. Si, toutefois, quelqu'un vient à critiquer les présentes décisions ou en demande la révocation ou fait adopter de tels décrets, ceux-ci n'entreront pas en vigueur et celui qui l'aura fait sera tenu de verser mille statères à la cité. Le soin de veiller à l'observation du présent décret est confié aux apologues. Si, toutefois, ils manquent à leur devoir, eux-mêmes devront payer (cette même somme d'argent); les apologues qui leur succéderont veilleront, eux aussi, à l'observation du décret. Tous ceux qui le voudront bien pourront faire de même et si quelqu'un constate quelque infraction, il recevra la moitié de la somme versée en amende.

L'inscription est en dialecte ionien, ce qui est naturel pour Thasos, ville fondée par des colons ioniens de Paros. Pour les formes dialectales ioniennes dans le texte du décret, voir Bechtel, Die Inschriften des ionischen Dialekts, p. 57-59.

1-3.Contenu dans les lignes 1-3, le prescrit du décret pour Polyarétos ne fournit que la date de son adoption et donne une justification sommaire de cette concession sans préciser qui en avait soumis la proposition à l'assemblée des citoyens. Il convient de noter que les décrets de Thasos ne mentionnent jamais un particulier comme rogator et lorsque, comme c'est le cas de IG XII Suppl. 358 (III s. av. J.-C.) et IG XII Suppl. 347 III (II s. av. J.-C.), on énumère les personnes qui font une demande d'octroi de privilèges, il s'agit toujours d'archontes. Sur l'intitulé des décrets thasiens voir Y. Grandjean, F. Salviat, BCH 112 (1988), p. 256-258 où est citée également l'inscription ici étudiée.

Sur les archontes de Thasos, voir F. Salviat, « Les archontes de Thasos » dans: Praktika\ tou= H' Dieqnou=j Sunedri/ou ÑEllhnikh=j kai\ Latinikh=j )epigra-fikh=j I, Athènes 1984, p. 233-258; R. Sherk, « The Eponymous Officials of the Greek Cities II », ZPE 84 (1990), p. 292-294. Le rôle des théores dans le système administratif de la polis thasienne fut étudié par J. Pouilloux, Recherches I, p. 239-258. Il existe des hypothèses selon lesquelles la série des portraits d'hommes, avec une couronne de feuilles de chêne sur la tête, provenant de Thasos, représenterait des théores thasiens; voir A.-K. Massner, « Corona civica, Priesterkranz oder Magisterinsignie? Bildnisse thasischer Theoroi?», AM 103 (1988), p. 239-250.

Les noms des trois archontes du décret pour Polyarétos )Aristoklh=j Satu/rou, )Aristome/nhj )Amwmh/tou, Teisikra/thj Biti/wnoj, apparaissent aussi, dans le même ordre, dans un catalogue fragmentaire des archontes de Thasos des années (dates approximatives) 345-255 av. J.-C., au bas de sa colonne médiane (lignes 49-51) qui correspond chronologiquement plus ou moins à la génération de 315-285 av. J.-C.; pour la publication du catalogue cf. J. Pouilloux, Recherches I, p. 272-278, no. 34; nouveau fragment: P. Bernard, F. Salviat, BCH 86 (1962), p. 580, no. 1. Ceci permet de dater assez précisément le décret étudié de la période 290-280 av. J.-C.; cf. J. Poilloux, Recherches I, p.

286. Le premier des archontes, )Aristoklh=j Satu/rou, apparaît aussi comme théore dans le catalogue des théores IG XII 8, 286, l. 18. Son père (ou son fils) Sa/turoj )Aristokle[u=j] figure comme théore dans le catalogue des théores IG XII 8, 282, l 28; il est aussi connu comme auteur d'une dédicace dont la nature n'a pas été identifiée (IG XII Suppl. 373). Le troisième des archontes, Teisikra/thj Biti/wnoj, peut sans doute être identifié avec l'apologue du même nom qui, avec ses deux collègues, est l'auteur d'une dédicace consacrée à Hestia Boulaia et à Zeus Boulaios: P. Bernand, F. Salviat, BCH 86 (1962), p. 582-583, no. 10. Biti/wn Teisikra/t[eoj], théore vers 450 av. J.-C., devait être son ancêtre; cf. Ch. Dunant, J. Pouilloux, Recherches sur l'histoire et les cultes de Thasos II, de 196 av. J.-C. jusqu'à la fin de l'antiquité [= Études Thasiennes 5], Paris 1958, p. 231, no. 406, l. 10.

Les théores )Amfhri/dhj Simali/wnoj, Eu)fri/lloj Pagxa/reuj, Timoklh=j Xoi/rou figurent dans le catalogue des théores publié par J. Pouilloux, Recherches I, p. 278-279, no. 35. Le troisième des théores de l'inscription étudiée, Timoklh=j Xoi/rou figure également dans le catalogue des archontes: J. Pouilloux, Recherches I, p. 272-278, no. 34, l. 41; il exerça sa fonction deux ans avant Aristokles fils de Satyros, Aristoménès fils d'Amométos et Teisikratès fils de Bitiôn, donc deux ans avant l'institution du décret en l'honneur de Polyarétos. Le nom de son père, Xoi/roj Timokleu=j, apparaît dans le catalogue des théores IG XII 8, 284, l. 5 (théore vers 320 av. J.-C.). Quant au père du premier théore, il s'agit sans doute de Simali/wn )Amfhri/deuj, dont le nom figure dans le catalogue des archontes publié par J. Pouilloux, Recherches I, p. 272-278, no. 34, l. 13, dans la colonne I, donc une génération avant la proclamation du décret IG XII 8, 267. Leur ancêtre éloigné, )Amfhri/dhj Simali/wnoj, exerça la même fonction vers 500-480 av. J.-C., car il est mentionné dans une autre partie du catalogue des théores: J. Pouiloux, Recherches I, p. 263-266, no. 28, l.

9. Un autre ascendant, sans doute un arrière-grand-père, du deuxième théore, Pagxa/rhj Eu)fri/llou, figure dans le décret athénien IG II2 33, 19 (vers 385 av. J.-C.) accordant aux citoyens de Thasos le privilège d')te/leia.

9-10.Les patrai de Thasos sont connues uniquement par les décrets octroyant le droit de cité à des étrangers (IG XII 267, IG XII Suppl. 355 et 362), dans lesquels on signale l'obligation d'y admettre la personne honorée de ce privilège e)pi\ pa/trhn ∂n ìn pei/q˙. Pour la formule en question, voir N. F. Jones, « Enrollment Clauses in Greek Citizenship Decrees », ZPE 87 (1991), p. 83, no. 16 où l'on cite également notre inscription; les termes employés indiquent qu'avant d'accepter un nouveau citoyen dans la patre les membres de celle-ci se réunissaient pour examiner la candidature. La forme ionique pa/trh laisse supposer que l'institution de la patrè existait à Thasos depuis très longtemps, datant peut-être encore du temps de la colonisation parienne. Sur les patrai à Thasos, voir J. Pouilloux, Recherches I, p. 396.

10. Sur la clause )nagra/cai de\ to/de to\ ch/fisma efij sth/lhn ou formules similaires dans les décrets de Thasos, voir G. Reger, Klio 72 (1990), p. 396-401, qui cite aussi notre inscription. Le décret en l'honneur de Polyarétos constitue, à notre connaissance, le cas unique: les décisions prises par le conseil et le peuple ont été gravées au temple d'Athéna alors que, traditionnellement, les décrets de Thasos étaient proclamés au temple d'Apollon Pythien: cf. IG XII 8, 268, IG XII Suppl. 350 (temple d'Héraclès et Apollon), 358, 360, 362. Les vestiges du temple d'Athéna font actuellement l'objet de fouilles archéologiques sur l'acropole thasienne; cf. Guide de Thasos, p. 54-55 (pour la situation topographique), BCH 84 (1960), p. 863 (pour les premiers résultats de découvertes archéologiques).

11. Le fleromnh/mwn à Thasos était investi par la polis du contrôle des finances des temples; il veillait tout particulièrement aux fonds déposés dans les trésors de différents sanctuaires. Il pouvait disposer de ces fonds conformément aux décisions prises par l'assemblée des citoyens (p.ex. pour l'érection d'un décret comme dans IG XII 8, 264; IG XII 8, 267, IG XII Suppl. 355; BCH 64-65 [1940-41], p. 176-177) et au règlement intérieur des temples. Sur la fonction d'hieromnémon à Thasos, voir les remarques de R. Martin, BCH 64-65 (1940-41, p. 191-192, dont les conclusions sont reprises par J. Pouilloux, Recherches I, p. 404.

12. e)pe/rxomai apparaît ici au sens juridique proche de progra/fein: « présenter une demande officielle au conseil de la cité ». Pour ce sens d'e)pe/rxomai cf. un grand groupe de décrets d'Iasos I.K. 28 [Iasos], 23. 7; 35. 5; 36. 5; 51. 2; 73. 2 (peri\ œn e)ph=lqon Prwte/aj ÑErmi/ou kai\ ÑEkatai=oj Poseidi/ppou) et 61 (e)pelqo/ntej de\ kai\ ofl presbeutai\ e)pi\ th\n e)kklhsi/an diele/ghsan )kolou/qwj toi=j e)n tw=i chfi/smati gegramme/noij); 74. 56; 77. 6; 150. 13; 151. 16-18 (o(/j )fiko/menoj efij )Iaso\n kai\ e)pelqw\n e)pi\ [te th\n boul]h\n kai\ th/n e)kklhsi/an to/ te ch/[fisma )nad]w/sei ktl.); 152. 29; 612. 44 (de Bargylia). On cite dans l'ordre progressif différentes mesures qui permettent de critiquer les décisions: critiquer oralement, présenter et demande officielle au conseil de la cité, faire voter d'autres décrets.

14. À Thasos, à l'exception d'un cas (IG XII 8, 264, début du IV s. av. J.-C.), toutes les amendes infligées pour atteinte aux droits votés par l'assemblée des citoyens devaient être payées à Apollon: au Ve s. av. J.-C., il s'agissait d'un trésor commun des temples d'Apollon et d'Athéna (J. Pouilloux, Recherches I, no. 7); plus tard, on ne mentionne que le temple d'Apollon; à l'époque hellénistique, comme dans le cas de notre décret et dans IG XII 8, 268, IG XII Suppl. 355, 358, 362, la moitié de la somme était versée au temple d'Apollon et l'autre moitié à la cité. Pour les détails concernant l'importance des amendes pour infraction aux droits et décisions décrétés par la boulé et le démos de Thasos et le mode de paiement, voir H. Duchêne, La stèle du port. Fouilles du port 1. Recherches sur une nouvelle inscription thasienne [= Études Thasiennes 14], Paris 1992, p. 60-64.

14-15. Sur les apologues ()po/logoi) et leur rôle à Thasos cf. J. Pouilloux, Recherches I,

p. 401-402. Ils devaient, entre autres, veiller à l'exécution des décrets sur la proxénie et sur l'octroi du droit de cité à des étrangers. En dehors du décret pour Polyarétos, cette fonction des apologues est attestée aussi par les décrets IG XII 8 265 et IG XII Suppl. 355.

[A.Ł.]


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