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124. ÉPITAPHE BILINGUE DE MARCUS IULIUS SISTUS

Département de l'Art antique, inv. 198792.

Lieu et contexte de la découverte inconnus. Anciennement dans la collection du Lyceum Hosianum à Braunsberg, depuis 1947 au Musée National de Varsovie. La pierre provient sans aucun doute de Rome.

Marbre blanc à gros grains. Plaque; h. 0,52 cm, l. 0,56 cm; ép. 5 cm; l'angle inférieur gauche ébréché. Inscription gravée symétriquement. Gravure profonde et assez soignée. On voit des traces de réglage; les marges sont marquées. Lettres rondes, élancées, avec apices. Points de séparation entre les mots. H. des lettres: 4,5 - 4,8 cm.

D'après la pierre au Musée National de Varsovie, A. Sadurska, Inscriptions latines & monuments funéraires romains au Musée National de Varsovie [= Auctarium Maeandreum 4], Varsovie 1953, p. 101-102, no. 40, pl. XXXIV 1 (Woodhead, SEG XIII 623; H. Solin, Arctos 7 [1972], p. 179-182 avec commentaire exhaustif). D'après la photo-graphie de la pierre au Musée National de Varsovie communiquée par K. Michałowski, L. Moretti, IGUR II, no. 635, phot. à la p. 202.

Cf. J. et L. Robert, Bull. épigr. 1973, 93 (sur l'article de Solin).

Milieu du Ier s. ap. J.-C.

Iulia • Syntyche • M(arco)• Iu-

lio • Aug(usti)• l(iberto)• Sisto viro

suo •

4       )Iouli/a š Suntu/xh š Ma/rk%

)Iouli/%š Sebastou= š a)pe-

leuqe/r%š Sei/st%š t%= a)ndri/.

5. Seba/stou Sadurska (faute d'inattention) || 6. e pierre, tw pierre

Iulia Syntychè (a érigé cette stèle) à Marcus Iulius Sistus son époux, affranchi d'Auguste.

Sadurska a daté cette inscription de la seconde moitié du III siècle, compte tenu du fait que Marcus Iulius Sistus, comme affranchi de l'empereur, ne pouvait avoir pour patron que Philippe l'Arabe ou son fils Philippe II (les deux portaient dans la nomenclature officielle le nom de Marcus Iulius Philippus). Solin a remis en question cette datation, en mettant l'accent sur les faits suivants: 1) Le témoignage le plus tardif qui nous soit aujourd'hui connu, dans lequel on utilise le nomen gentile pour désigner un affranchi de l'empereur, date de 238; 2) La forme Aug. l. dans le texte latin indique une date haute; en effet, au III s. on attendrait plutôt Aug. lib.; 3) Tous les affranchis de l'empereur connus qui portaient le nom Marcus Iulius étaient des affranchis de Livie. Sans doute Marcus Iulius Sistus de notre inscription était-il aussi l'affranchi de Livie. Selon Solin, le fait que dans le texte grec le défunt est désigné Sebastou= a)peleu/qeroj (au lieu de Sebasth=j a)peleu/qeroj attendu) peut s'expliquer de deux façons: 1) Le lapicide ne disposait que du texte latin avec l'abréviation Aug. l. et, sans connaître la situation réelle, il a imaginé la version grecque Sebastou= a)peleu/qeroj; 2) Marcus Iulius Sistus a été affranchi par Livie, mais, après la mort de cette dernière, il a eu pour patron Tibère et c'est à lui que se rapporte l'expression Aug(usti) l(ibertus), Sebastou= a)peleu/qeroj. Moretti émet des doutes sur les explications proposées par Solin. Il pense en effet que la paléographie de l'inscription indique une date postérieure au milieu du Ier s. ap. J.-C.

L'épitaphe de Marcus Iulius Sistus constitue le plus ancien témoignage connu de la formule Sebastou= a)peleu/qeroj dans toute l'épigraphie antique. L'homme honoré par cette inscription est le seul Iulius connu désigné comme Sebastou= a)peleu/qeroj; cf. Solin, op. cit., p. 180-181.

Solin, op. cit. p. 181-182, remarque que le nom de la femme qui a fait ériger l'inscription - Syntychè - est typique de la ville de Rome. Ce nom se répand au début de la période impériale et reste très populaire jusqu'au début du III s. ap. J.-C. comme cognomen (83 occurrences dans: Solin, GPNRom, p. 148-150). En dehors de Rome, ce nom est très rare (quelques cas isolés). De Rome on connaît quelques femmes portant le nom Iulia Syntychè, y compris Iulia Aug. lib. Syntychè attestée dans CIL VI 356009 a, b.

Le nom du défunt - Sei=stoj - est dérivé de seisto/j = «ébranlé, secoué», mais aussi «pendeloque». Le nom est rare. On n'en connaît que deux autres occurrences attestées dans les sources provenant d'Égypte; cf. BGU III 887, ll. 1 et 12 (Arsinoïte, 151 ap. J.-C.) et SB I 4898, 1 (provenance inconnue, époque byzantine); voir aussi CPR V, P.Vindob. G39847, 22, 505 (Si/sta).

[A.Ł.]


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