19

  19. TITULUS D'UN HÉRÔON DE LA FAMILLE SYSTYLII

Département de l'Art antique, inv. 198810.

Lieu et contexte de la découverte inconnus. Vu et copié par J. Keil au Musée del'École Évangélique à Smyrne (Skizzenbuch 1935) avec indication de la provenance:Éphèse. Puis au Lyceum Hosianum à Braunsberg, depuis 1947 au Musée National de Varsovie. Compte tenu de l'information de J. Keil et de la forme de l'inscription, la pierre doit provenir d'Éphèse (voir infra).

Marbre blanc. Plaque; h. 26 cm, l. 38 cm, ép. 4,5 cm; conservée intacte. Lettres carrées richement ornées, larges apices, la plupart des mots séparés par un point, les phrases séparées en plus par une ligne sinusoïdale, ligatures. Le trait du thêta très court, le trait oblique supérieur du kappa recourbé vers le bas, le trait médian dans le nu presque horizontal, l'omicron et l'oméga plus petits que les autres lettres, les traits obliques de l'upsilon légèrement recourbés vers l'extérieur. H. des lettres: 1,0 - 2,3 cm, h. moyenne d'interligne: 1,0 cm.

D'après la copie de J. Keil, reproduite à la p. 231, qui a vu l'inscription au Musée del'École Évangélique à Smyrne, R. Merkelbach, J. Nollé, I.K. 16 [Ephesos VI], 2311. D'après la pierre au Musée National de Varsovie comme inédit, avec provenance: Phrygie, J. Kubińska, BCH 111 (1987), p. 422-424, no. 1, fig. 2 (J. Nollé, Epigr. Anatol. 10 [1987], p. 106; H. W. Pleket, SEG XXXVII 912).

Cf. M.-Th. Le Dinahet, Bull. épigr. 1989, 37 (sur les publications de Kubińska et de Nollé). A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 154, no. 22 (bibliographie).

II-III s. ap. J.-C.

tou=to to\ h(r"o/n e)stin e( Sustu-li/aj e( )Ammia/doj e( kai\ e( Sustuli/ouTi/tou e( kai\ te/knwn au)tw=n e( Sutu-

4li/ou e( Titianou= e( kai\ e( Sutuli/aj e( Ti-tianh=j ∼ zw=sin. e( ∼ ˘ ou)k e)je/-tai praqh=nai u(po\ ou)deno/j,e)pei\ ı para\ tau=ta ßtero/n ti

8poih/saj e( dw/sei e( t" flerwta/-t%e( tamei/%∼ (dhna/ria) ,BfÄ ∼.

3-4. lire Sustuli/ou, Sustuli/aj || 5-6. lire e)je/stai || 9. ✱ pierre

Cet hérôon appartient à Systylia Ammias et à Systylios Titos et à leurs enfants Systylios Titianos et Systylia Titianè. Ils sont vivants. Il ne sera permis à personne de le vendre, si toutefois quelqu'un fait autre chose contre cela, il versera au trésor impérial la somme de 2500 deniers.

La forme de l'inscription, titulus d'une sépulture familiale, construit d'après le schéma: tou=to h(r"o/n (mnhmei=o/n) e)stin + nom du propriétaire et noms des membres de sa famille au génitif + malédiction funéraire, est typique des inscriptions d'Éphèse, cf. nombreux exemples dans I.K. 15, 16 [Ephesos V, VI].

Les Systylii, à qui appartenait la tombe mentionnée dans l'inscription, étaient sans doute des affranchis d'une famille italique portant ce nom,originaire d'Émilie et installée en Phrygie, dans la vallée du Haut Tembris, près de la ville d'Appia, dès le milieu du Ir s. av. J.-C. Les membres de cette famille sont attestés par différents témoignages épigraphiques aussi dans d'autres régions de Phrygie, à Smyrne, en Pisidie, en Isaurie et au Pont. Sur les Systylii, cf. St. Mitchell, «A Roman Family in Phrygia», Anatol. Stud. 29 (1979), p. 13-22; Th. Drew-Bear, «Recherches épigraphique et philologique,

X. Les Systylii de Phrygie », REA 82 (1980), p. 180-182; cf. aussi J. et L. Robert, Bull. épigr. 1980, 171 et 1983, 416; MAMA IX, p. 87-88, no. 274; MAMA X, p. 20, no. 70 et p. 61, nos. 193-194.

2.             Le nom )Ammia/j, qui apparaît ici comme cognomen, appartient à un vaste groupe de « Lallnamen » commençant par )mm-; les occurrences de noms de ce type attestées en Asie Mineure ont été recueillies par Zgusta, Kleinasiatische Personennamen, p. 55-70, § 57-1/57-33. Parmi ces noms figure aussi )Ammia/j, p. 63-64, § 57-23. Tout comme les autres grands groupes de « Lallnamen » (pour le groupe commençant par )ff-, )pf-, )pp-voir infra, commentaire de l'inscription no. 23), le groupe des noms commençant par émm-contient sans doute des éléments qui appartiennent à divers substrats linguistiques (gréco-latin, micrasiatique, etc.). La racine émm-, empruntée au langage enfantin ou familier et se rapportant à la mère, est très bien attestée dans la langue grecque, tant par les textes d'auteurs (Hérodote I 7; Etymologicum Magnum, s.v.) que par les inscriptions (SIG2 868) et les papyrus (BGU II 449). Le génitif )Ammia/doj indique que le nom )Ammia/j est ressenti ici comme un nom grec.

3-4. La réduction de /st/ en /t/, répétée trois fois dans le texte (ll. 3-4. Sutuli/ou, l. 4. Sutuli/aj, ll. 5-6. e)je/tai), est bien attestée dans la langue grecque de la période romaine; cf. Gignac, Grammar I, p. 130-131; Brixhe, Essai, p. 114.

 [A.Ł.]


AttachmentSize
19.pdf110.92 KB