20

  20. ÉPITAPHE D'HERMOGÉNEIA

Département de l'Art antique, inv. 198731.

Mise au jour en novembre 1895 dans une ruine à un Km de la mer, à 45 minutes à l'ouest de Doğanbey (avant Dometia), sur le site correspondant à l'antique Thebai. Achetée pour le Lyceum Hosianum à Braunsberg avant 1913 (inv. 833), depuis 1947 au Musée National de Varsovie.

Marbre bleuâtre. Plaque; h. 27,7 cm, l. 54 cm, ép. 3,2 cm; coin supérieur droit brisé, coin supérieur gauche désagrégé, fissure au coin inférieur gauche. Lettres lunaires et carrées, extrémités de certaines lettres élargies, rappelant les apices, traces de réglage. Alpha avec la barre semi-circulaire concave, les traits de droite dans l'alpha, le delta et le lambda légèrement prolongés en haut, l'epsilon carré, dans le thêta, le trait du milieu, très court, ne touche pas à la panse, les hastes du nu de longueur inégale, la panse du rhô ouverte, le sigma lunaire, à l'exception de la dernière ligne où il est carré, l'oméga cursif, plus petit que les autres lettres. H. des lettres: 0,7 - 2,3 cm, h. moyenne d'interligne: 1,5 cm.

D'après les copies de Th. Wiegand et H. von Prott et d'après l'estampage, Fr. Hiller von Gaertringen, Inschriften von Priene, Berlin 1906, p. 187, no. 376. D'après la pierre à Braunsberg, W. Weißbrodt, Verzeichnis Braunsberg, Sommer-Semester 1913, p. 9, no. 11 (Peek, Gr. Vers-Inschr., no. 602; R. Merkelbach, J. Stauber, Steinepigramme aus dem griechischen Osten I, Die Westküste Kleinasiens von Knidos bis Ilion, Stuttgart-Leipzig 1998, p. 293, no. 03/01/04). D'après la pierre au Musée National de Varsovie, A. Sadurska, RMNW 4 (1959), p. 179-180, no. 1, fig. 1.

Cf. A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 154, no. 23 (bibliographie).

Ir s. av. J.-C. d'après la paléographie.

h( pri\n e)n )nqrw/poij )spasth\ pa=sin, ıdei=ta,

∂n qre/cen Nei=loj kalliro/aj potamo/j,

ÑErmoge/nei' ÑErmoupo/lewj patro\j )Antigenei/da:

4 kei=mai d' e)n dape/doij gh/raÛ teirome/na.

Jadis amène parmi les vivants, ô passant, nourrie par le Nil, fleuve qui coule en beauté, Hermogéneia d'Hermoupolis, du père Antigéneidas, maintenant, me voici en terre, exténuée par la vieillesse.

Le texte de cette petite épitaphe en vers contient certaines formes doriques ou poétiques avec nuance dorique (kalliro/aj, )Antigenei/daj, teirome/na), ce qui peut surprendre dans une cité ionienne comme Priène. Il y a lieu de penser que l'auteur du poème était originaire d'une cité dorienne.

L'épitaphe qui oppose la beauté de la vie terrestre à son terme funeste, est construite sur l'opposition h( pri\n ... kei=mai qui «boucle» le poème. Une construction identique, avec, au début pri\n - «avant», «autrefois», se re-trouve dans de nombreuses épitaphes métriques; cf. surtout le petit poème de quatre vers provenant de Rhénée, Peek, Gr. Vers-Inschr., no. 702 = M.-Th. Couilloud, Les monuments funéraires de Rhénée [= Explorations archéologiques de Délos 30], Paris 1974, no. 476: è pri\n e)ni\ zwoi=j )Epikarpi/a )ndri\ poqina\ ... pro\j ÜAdan, e)n gò ÑRhnai/# kei=mai u(po\ spila/di; cf. aussi Peek, Gr. Vers-Inschr., no. 1005 = Couilloud, Mon. fun. de Rhénée, no. 472, ll. 5-6: ı pri\n d'e)k te/xnhj nou/sw(n) ... =usa/menoj nou/swi stugno\n ¶bhn )Ai/dhn.

2.             Hermogéneia naquit et vécut en Égypte; dans le langage poétique de l'épigramme, celui qui l'a élevée, son trofeu/j, était le Nil. Sur l'emploi du verbe tre/fw avec un nom de contrée, de cité ou de fleuve comme sujet, emploi très spécifique de l'épigraphie métrique funéraire, voir L. Robert, Rev. Phil. 13 (65) (1939), p. 167 avec note 3 = Op. Min. II, p. 1320; Th. Drew-Bear, Nouvelles inscriptions de Phrygie [= Studia Amstelodamensia ad epigraphicam, ius antiquum et papyrologicam pertinentia 16], Zutphen 1978, p. 77; idem, Epigr. Anatol. 4 (1984), p. 140, avec notes 20 et 21. L'opposition entre le lieu de naissance et de l'enfance heureuse et l'endroit triste de la mort, loin du pays natal, constitue un thème fréquent de la poésie funéraire, cf. Th. Drew-Bear, Epigr. Anatol. 4 (1984), p. 140.

4.             L'expression gh/raÛ teiro/menoj se retrouve ailleurs; cf. p.ex. MAMA IV 83 (Synnada, I-II s. ap. J.-C.): nh/pion uÂa lipou=sa kasignh/touj te kai\ êndra xh=ron kai\ toke/aj gh/raÛ teirome/nouj.

 [A.Ł.]


AttachmentSize
20.pdf88.8 KB