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24. ÉPITAPHE D'IOULIA LYDÈ, DÉDIÉE PAR SON FILS KAPETOLINOS

Département de l'Art antique, inv. 198798.

Trouvée avant 1884 vraisemblablement à Kadiköy (anc. Kalchedon) dans un contexte inconnu. Au début du XX s., dans le jardin du Königliche Preussische Museumsstation à Constantinople, puis dans la collection du Lyceum Hosianum à Braunsberg, depuis 1947 au Musée National de Varsovie.

Marbre blanc. Stèle à fronton; h. 27,5 cm, l. 39 cm, ép. 5,5 cm; seule subsiste la partie supérieure constituée de trois fragments recollés. Au centre du fronton, un disque à bouton en bas relief. Inscription gravée au-dessous du fronton. Lettres carrées, larges apices. Wiegand a vu des traces de peinture rouge dans les lettres, aujourd'hui complètement disparues. Le mot constituant la ligne 3 fut vraisemblablement ajouté au moment où existaient déjà les lignes 2 et 4. H. des lettres dans les lignes 1-2 et 4-5: 2,0 - 2,1 cm, dans la ligne 3: 0,9 - 1,0 cm; h. moyenne d'interligne: 1,4 cm.

D'après la pierre, avec la note « angeblich in Kediköi (Chalkedon) gefunden », J. H. Mordtmann, Archaeologisch-epigraphische Mittheilungen aus Oesterreich-Ungarn 8, 1884, p. 198, no. 21 (L. Robert, Études anatoliennes, Paris 1937, p. 224-225). D'après la pierre qui se trouvait alors dans le jardin de la Königliche Preussische Museumsstation à Constantinople, avec note selon laquelle le monument serait parvenu à Constanti-nople de Bithynie via Pandarma, Th. Wiegand, AM 33 (1908), p. 153-154, no. 10. D'après la photographie de la pierre au Musée National de Varsovie, R. Merkel-bach, I.K. 20 [Kalchedon], 62, pl. 3.

Cf. R. Flacelière, J. et L. Robert, Bull. épigr. 1938, 459 (sur la publication de L. Robert, Études anatoliennes). L. Robert, Hellenica XI-XII [1960], p. 579, note 3 (identifie l'inscription au Musée National de Varsovie). idem, Berytus 16 (1966), p. 12 = Op. Min. VII, p. 644 (sur la lecture; il note que l'inscription est au Musée National de Varsovie). J. Kubińska, Les monuments funéraires dans les inscriptions grecques de l'Asie Mineure, Varsovie 1968, p. 160 (à propos du terme su/nqesij). A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 155, no. 27 (bibliographie).

II-III s. ap. J.-C., d'après la paléographie.

Kapetwlei=noj )Af-

fou e)poi/hsa su/nq<e>sin

z$=

4           t$= i)di/# mhtri\ )Iouli/#

z$= Lu/d$ z$=.

1. lire Kapetwli=noj || 2. su/nq(e)sin Mordtmann, su/nqesin Wiegand, L. Robert, Merkelbach || 3. omis par Wiegand || 5. Zhludh/zh Wiegand, (z$=) Lu/d$ (z$=) L. Robert

Kapetolinos fils d'Aphphos (ou: Aphphous), il vit, j'ai érigé le monument funéraire pour sa mère Ioulia Lydè, elle vit.

Citoyenne romaine, Ioulia Lydè épousa un Aphphos (ou: Aphphous) qui n'avait pas le droit de cité romain. Leur fils, qui, du point de vue de la loi romaine était né d'un iniustum matrimonium, n'était pas citoyen romain et n'avait pas les tria nomina, porte comme nom, employé au sens absolu, le cognomen latin Capitolinus.

1.         Sur la graphie Kapetwli=noj pour le latin Capitolinus, voir Brixhe, Essai, p. 54. À l'époque impériale, le */i/ latin primitif était prononcé comme un /e/ et transcrit en grec soit «i» soit «e».

Le nom du père de Kapetolinos présentait la forme soit )/Affoj, gén. )/Affou, soit )Affou=j, gén. )Affou=. )/Affoj/)Affou=j ainsi que d'autres noms formés sur la racine a)ff-, a)pf-, a)pp- appartiennent au groupe de « Lallnamen », noms issus du lexique d'enfants. À l'époque romaine, les noms )/Affoj/)Affou=j, de même que leurs variantes, sont très fréquents dans tout le domaine de la langue grecque; pour le matériel micrasiatique, cf. L. Zgusta, Kleinasiatische Personennamen, Prag 1964, p. 70-85, § 66-1/66-58, qui cite aussi l'inscription ici étudiée, p. 82, § 66-48. Selon Zgusta, op. cit., p. 85, les noms commençant par a)ff-, a)pf-, a)pp-, très nombreux en Bithynie et en Mysie, restent en rapport avec le substrat linguistique thrace, mais, comme pour d'autres « Lallnamen », la question de l'appartenance ethnique du nom ne peut pas être tranchée, car les termes du lexique enfantin se ressemblent beaucoup dans toutes les langues; )/Affoj/)Affou=j peut donc être aussi bien un nom micrasiatique qu'un nom thrace ou grec. L'existence de la racine a)ff-, a)pf-, a)pp-en grec est attestée par Theocr. XV, 10: kalo\j a)pfu=j - un terme d'affection usité par les enfants pour s'adresser à leur père, Callim., Hymn. 3, 6: a)/ppa fi/l(e), Hesychius, s.v. a)/ppaj: trofeu/j et Etym. Magn., s.v. a)/tta: e)pi/fqegma timhtiko\n newte/rou pro\j presbu/teron: e‡rhtai para\ to\ a)/ppa kata\ Makedo/naj, trop$= tou= p ei)j t. Sur les « Lallnamen » commençant par a)ff-, a)pf-, a)pp- voir L. Robert, Noms indigènes, p. 154 et sourtout 348; idem, dans: Fıratlı, Stèles, p. 142.

2.         su/nqesij au sens de « monument funéraire » est un hapax legomenon. Il s'agit vraisemblablement d'une sépulture de plusieurs personnes; cf. Kubińska, Monuments funéraires, p. 160.

5.         Lu/dh - à partir du nom de la contrée Ludi/a. Sur ce nom ainsi que sur d'autres noms formés sur le nom de la même région (Lu/dioj, Ludi/a) voir Bechtel, HPN, p. 540, 546 (dans le cadre de la présentation des noms de personnes dérivés des noms géographiques).

 [A.Ł.]


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