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25. ÉPITAPHE D'EUPHÉMIA

Département d'Art de l'Orient chrétien, inv. 198760.

Lieu et contexte de la découverte inconnus. Achetée pour la collection du Lyceum Hosianum à Braunsberg avant 1913, depuis 1947 au Musée National de Varsovie. L'inscription fut publiée par S. de Ricci comme provenant d'Égypte, attribution très discutable. La pierre provient sans doute du nord-ouest de la Bithynie ou de Constantinople (voir infra).

Marbre blanc. Plaque; h. 15 cm, l. 20,5 cm, ép. 3,2 cm; seule subsiste la partie médiane; le haut et le bas brisés mais l'inscription est complète dans sa partie supérieure. Au centre de la plaque figure une grande croix aux bras de longueur presque égale. L'inscription est gravée entre les bras de la croix. Lettres lunaires, réglage délimitant le haut et le bas des lettres, les deux marges latérales ainsi que les bras de la croix. Dans l'alpha, les traits obliques ne se touchent pas au sommet en s'écartant légèrement et se prolongeant vers l'extérieur; dans l'epsilon et dans le thêta, le trait médian, très court, ne touche pas à la panse, dans le mu les traits obliques rejoignent les hastes non pas à leurs extrémités mais légèrement en dessous. H. des lettres: 1,5 - 2,1 cm., h. moyenne d'interligne: 0,2 cm.

D'après la pierre à Braunsberg, comme provenant d'Égypte, S. de Ricci, Rev. épigr. 1 (1913), p. 150, no. 15: copie, transcription en minuscules (F. Bilabel, SB IV 7299). D'après la pierre au Musée National de Varsovie avec la provenance: Bithynie ou Constantinople, A. Łajtar, ZPE 95 (1993), p. 246-247, pl. VI (H. W. Pleket, SEG XLIII 895).

Cf. D. Feissel, Bull. épigr. 1993, 766 (sur la publication de Łajtar dans: ZPE 95 (1993).

A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 154, no. 17 (bibliographie).

VI-VII s. ap. J.-C.

e)/nqa ka-

ta/kite h(

th=j makari/-

4       aj mnh/mh-

j Eu)fhmi/a sh?

[ - - - ]

1-2. TATAKITE de Ricci sur le dessin, (ka)ta/kite de Ricci dans l'édition, tatakite l. kata/kite (= tai) Bilabel || 4. Eu)fhmi/aj de Ricci, Bilabel

Ici repose Euphémia de bienheureuse mémoire [ - - - ].

Le lieu de trouvaille de l'inscription est inconnu. S. de Ricci l'avait attribuée à l'Égypte, c'est pourquoi elle figure dans Sammelbuch. L'origine égyptienne de cette épitaphe est cependant fort douteuse. La formule qui ouvre le texte - e)/nqa kata/keitai h( th=j makari/aj mnh/mhj - est très rare dans les inscriptions funéraires grecques chrétiennes de la vallée du Nil; elle est par contre typique des épitaphes du nord-ouest de l'Asie Mineure, de Constantinople et de Thrace. Par ailleurs, la qualité de la pierre met en doute la provenance égyptienne du monument; en effet, alors que dans l'Égypte de la période chrétienne, le marbre est un matériau extrêmement rare dans la fabrication de monuments funéraires, il est employé couramment à cet effet en Asie Mineure. Le nom de la défunte Eu)fhmi/a, populaire dans le milieu chrétien, était cependant plus particulièrement répandu en Bithynie (cf. I.K. 20 [Kalchedon], 22; I.K. 27 [Prusias ad Hypium], 120, 126, 127), sans doute en raison du culte de sainte Euphémie, martyre des persécutions sous Dioclétien et originaire de Chalcédoine où elle trouva la mort; sur sainte Euphémie de Chalcédoine, cf. F. Halkin, Euphémie de Chalcédoine [= Subsidia Hagiographica 41], Bruxelles 1965. Il y a donc lieu de penser que, selon toute vraisemblance, la plaque en question vient de la région Constantinople - Chalcédoine - Bithynie du nord-ouest. La manière dont la stèle fut travaillée ainsi que la composition de l'inscription (grande croix, aux bras de longueur presque égale, inscrite dans le texte) témoignent en faveur de cette hypothèse; cf. exemplaires similaires provenant de Chalcédoine, I.K. 20 [Kalchedon], 83, 84, 86, 95, de Prusias sur Hypios, I.K. 27 [Prusias ad Hypium], 124 et ceux conservés au Musée Archéologique d'Istanbul, publiés par C. Mango, I. Ševčenko, DOP 32 (1978), p. 21, no. 27; p. 24, no. 33.

 [A.Ł.]


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