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102. INSCRIPTION SUR UN LINTEAU DE LA CATHÉDRALE DE FARAS

Département d'Art de l'Orient chrétien, inv. 234680.

Trouvée par la mission polonaise à Faras pendant la campagne 1961-62, à l'extérieur de la cathédrale, à proximité de l'angle sud-est, du côté sud. Numéro d'inventaire de chantier FA 56/61-62. Le linteau provient très vraisemblablement de la cathédrale, mais on ignore son emplacement primitif.

Grès rouge. Linteau surmonté d'une corniche simple, avec emblème central, en bas-relief, représentant une croix pattée inscrite dans un cercle qui est, à son tour, inscrit dans un carré; h. 31 cm, l. 78 cm, ép. 14,5 cm; la partie droite brisée sur toute la hauteur. L'inscription est gravée sur la corniche et au-dessous de la corniche de part et d'autre de l'emblème; à gauche de l'emblème figure le monogramme de l'évêque Paulos. Gravure profonde. Lettres lunaires.

D'après la pierre à Faras, S. Jakobielski dans: K. Michałowski et alii, Faras. Fouilles polonaises 1961-1962 [= Faras II], Warszawa 1965, p. 164, no. 2, fig. 86. D'après la pierre au Musée National de Varsovie, Kubińska, Faras IV, p. 20, no. 2, fig. 2.

Cf. J. et L. Robert, Bull. épigr. 1966, 498 (sur la publication de l'inscription dans: Faras II). P. Nautin, Cah. archéol. 18 (1967), p. 17, note 57 (il supplémente la ligne 1). Jakobielski, Faras III, p. 48-49 (sur l'évêque Paulos). A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 162, no. 118 (bibliographie). Faras. Die Kathedrale aus dem Wüstensand. Eine Ausstellung des Kunsthistorischen Museums Wien und des Nationalmuseums in Warschau, hrsg. von W. Seipel, Kunsthistorisches Museum 23. Mai bis 15. September 2002, p. 121, no. 53, avec une photographie à la p. 120.

Env. 707 ap. J.-C.

toËto to\ égaqo\n e)/rgon e)ge/neto e)p[i\ toË - - - ]

êbba PaÊlou e)pisk(o/pou) i)nd(ikti/wnoj) [ - - - ]

en monogramme: PaÊlou e)pisko/pou

1. e)p[i\ tw=n ai)si/wn xro/nwn tou=] Jakobielski, e)p[i\ tou= eu)lab(esta/tou) patro\j h(mw=n] Nautin, Kubińska || 2. indj pierre

Ce bon bâtiment a été construit sous [...] abba Paulos, évêque, dans l'indiction [...]. (Monogramme de) Paulos, évêque.

1.         Le mot e)/rgon signifie ici « bâtiment »; sur ce sens du mot e)/rgon voir L. Robert, Études anatoliennes, Paris 1937, p. 87-89 et 349, n. 1; idem, Documents de l'Asie Mineure Méridionale, Paris 1966, p. 61-64. Dans ce contexte précis, il s'agit vraisemblablement de la cathédrale de Faras. Le terme a)gaqo\n e)/rgon apparaît encore deux fois en Nubie dans des inscriptions de fondation du tout début de la période chrétienne, à savoir: dans l'inscription d'Ikhmindi datée de la seconde moitié du VI siècle où il désigne toute la forteresse (S. Donadoni, Parola del passato 14 (1959), p. 458-465; SEG XVIII 724; SB VIII 10074; nouvelle publication: F. W. Deichmann dans: F. W. Deichmann, P. Grossmann, Nubische Studien, Berlin 1988, p. 81-88), et dans l'inscription de Tafah, datée de 710, où il désigne une église (J. Maspero, ASAE 10 [1910], p. 17-20). Il se trouve, comme emprunt, dans une inscription copte de fondation de l'église de Faras dite « à la porte du fleuve ». À en juger d'après le style, cette inscription, datée de 930, est probablement une imitation de quelque texte plus ancien, appartenant peut-être à la période de l'épiscopat de Paulos. Sur cette inscription, voir Jakobielski, Faras III, p. 111 f.; une nouvelle édition a été préparée par J. van der Vliet dans le catalogue des inscriptions coptes du Musée Sudanais de Khartoum. On le retrouve à Philae, donc aux confins de la civilisation nubienne, dans une inscription commémorant la consécration par l'évêque Théodore (milieu du VIe siècle) d'une église dans le pronaos du temple d'Isis (Lefebvre, Recueil, no. 591; SB VIII 8703; IPhilae II, no. 202). a)gaqo\n e)/rgon apparaît aussi dans les inscriptions provenant des régions situées au-delà de la vallée du Nil; il fut attesté notamment à Salamine de Chypre (Salamine de Chypre XIII, Testimonia Salaminia, no. 206), en Syrie (IGLSyr IV 1703) et à Rome (ICUR I 3974). Le style épidéictique (tou=to to\ e)/rgon ... e)ge/neto) est particulièrement caractéristique des inscriptions sur édifices de la basse Antiquité.

Dans la deuxième partie de la ligne 1, la restitution proposée par Nautin et acceptée par Kubińska est certainement plus probable que la lecture primitive de Jakobielski (cf. apparat). Toutefois, puisque ni le choix ni l'ordre de différents mots ne peuvent être établis avec certitude, nous laissons ce passage non restitué.

2.         Dans la lacune après le mot i)nd(ikti/wnoj) se trouvait le chiffre de l'indiction, accompagné peut-être d'autres informations, p.ex. l'année selon l'ère de Dioclétien.

2-3. Sur Paulos, l'évêque de Faras, voir supra, commentaire de l'inscription 101, l. 10.

[A.Ł.]


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