64

64. DÉDICACE AU DIEU DEUX FOIS GRAND

Département de l'Art antique, inv. 198823.

Lieu et contexte de la découverte inconnus. Au début du XX s. vue par Otto Rubensohn dans le commerce des antiquités en Égypte. Achetée avant 1909 pour la collection du Lyceum Hosianum à Braunsberg, depuis 1947 au Musée National de Varsovie. La pierre provient très vraisemblablement du Fayoum (voir infra).

Calcaire. Partie antérieure d'une base de statue avec le pied gauche du personnage chaussé d'une sandale à fines lanières; traces de peinture rouge sur la sandale et les lanières; h. 14 cm (22 cm avec la pied), l. 42 cm, ép. 30 cm; à l'avant, les deux arêtes latérales de la base ébréchées; au coin supérieur gauche, la surface de la pierre très fortement érodée. Sur la face avant de la base, dans sa partie supérieure, figure une dédicace grecque. Gravure profonde mais peu soignée. Lettres de hauteur différente mais disposées en lignes régulières. La forme des lettres ainsi que celle de l'écriture (ligatures «eu» à la l. 2 et «eg» à la l. 3) dénoncent une forte influence de la cursive. H. des lettres: 1 - 2,7 cm. Sur le plan supérieur de la base, devant les orteils et près du talon, deux inscriptions tracées avec des caractères inconnus dans des cadres rectangulaires gravés. À l'avant de la base, un texte moderne à l'encre noire: « Beihilfe der Provinz ».

D'après la pierre vue dans le commerce des antiquités en Égypte avec la notice selon laquelle la pièce avait été achetée pour Lyceum Hosianum et se trouvait déjà à Braunsberg, O. Rubensohn, AfP 5 (1) (1909), p. 168, no. 22 (Ronchi, Lexicon theonymon 3 [1975], p. 705, s.v. me/gaj me/gaj qeo/j). D'après la pierre au Musée National de Varsovie, A. Łajtar avec commentaire archéologique de T. Mikocki dans: CSIR-Pologne III 1, p. 111-112, no. 105, pl. 72.

Cf. A. J. Reinach, REG 23 (1910), p. 338 (sur la publication de Rubensohn). B. Müller, Megas Theos, Dissertation Halle 1913, p. 381, no. 332 (sur le dieu). A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 158, no. 67 (bibliographie).

II-III s. ap. J.-C., d'après la paléographie.

[ ? ? ? ? ? Ywsa]t??mh/wj Ywsatmh/wj??[ ? ? ? ? ?] [ ? ? ???

? ? ] Ywsatmeu\j Ywto\j a)n[e/qhkan] [qe%= meg]a/l% mega/l% eu)xh/n.

1.  . . . . . Ywsatmhj ne?! Rubensohn avec la note: « Ende vielleicht neo[j oder ähnliches »; lire Ywsatme/wj (deux fois) || 2. kai\] Ywsatmeu\j Łajtar | a)n[e/qhken] Rubensohn, a)n[e/qesan] Łajtar

[...] Psosatmeus fils de Psosatmeus [...] Psosatmeus fils de Psos ont érigé (ce monument) au dieu deux fois grand en accomplissement d'un vœu.

1-2.Les deux génitifs Ywsa]tmh/wj Ywsatmh/wj posent problème. Il faut très vraisemblablement lire Ywsa]t?m?h/wj <tou=> Ywsatmh/wj; dans la déclinaison du nom avec patronyme, l'article devant le patronyme, indispensable dans les cas obliques, est assez souvent omis. Dans la lacune au début de la ligne, il faudrait voir soit un nom au nominatif ([ o( dei=na Ywsa]t?m?h/wj <tou=> Ywsatmh/wj - «un tel, fils de Psosatmeus, fils de Psosatmeus) soit une préposition qui régit le génitif Ywsa]t????mh/wj (p.ex.: [u(pe\r Ywsa]tmh/wj <tou=> Ywsatmh/wj - «pour Psosatmeus, fils de Psosatmeus»). Psosatmeus fils de Psosatmeus mentionné dans la l. 1 était sans doute apparenté à Psosatmeus fils de Psos mentionné dans la l. 2; il est possible que les deux hommes soient fils et père.

Selon Preisigke, Namenbuch et Foraboschi, Onomasticon, les noms Ywsatmeu/j et Yw=j ne sont attestés que par cette inscription. Le nom Ywsatmh=j, qui figure dans Preisigke, Namenbuch d'après la lecture erronée de Rubensohn, à la lumière de cette nouvelle lecture apparaît comme nomen delendum.

Il semble que l'inscription mentionne au moins deux dédicants, c'est pourquoi nous restituons le verbe à la troisième personne du pluriel a)n[e/qhkan] (a)n[e/qhken] chez Rubensohn, donc un seul dédicant).

Sur la gémination de l'épithète divine me/gaj me/gaj, voir commentaire de l'inscription 56, ll. 1-2. Elle est typique du Fayoum, ce qui indique bien que le monument vient du Fayoum.

[A.T.]


AttachmentSize
64.pdf80.73 KB