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54. FRAGMENT D'UNE DÉDICACE

Département de l'Art antique, inv. 198755.

Lieu et contexte de la découverte inconnus. Anciennement dans la collection du Lyceum Hosianum à Braunsberg, depuis 1947 au Musée National de Varsovie.

Granit noir. Plaque; h. 24,2 cm, l. 24 cm, ép. 4,7 cm; seul demeure le coin inférieur droit. Le champ épigraphique délimité par un listel plat, légèrement mouluré, longeant les bords de la plaque. Les bords de la plaque sont taillés en biais en-dessous, ce qui confère à l'ensemble l'air d'un grand plateau rectangulaire peu profond. Gravure peu soignée. Lettres lunaires, petits apices. Alpha à barre brisée, thêta en forme d'ovale avec un point au centre, la haste droite du pi légèrement recourbée. H. des lettres: 1,3 - 1,8 cm, h. moyenne d'interligne: 2,0 - 2,5 cm.

D'après la pierre, A. Łajtar, JJP 27 (1997), p. 34-35, fig. 5 (H. W. Pleket, SEG XLVII 2145).

Cf. A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 157, no. 56.

Deuxième période ptolémaïque ou début de l'époque romaine, d'après la paléographie.

[ - - - ]e??reatw

[ - - - ]rou kai\ tw=n

[ - - - ]  ? kai\ ta\ qu

4 [ - - - ]n?ta pa/nta

1. Compte tenu de la nature de l'inscription, la lecture fl]e?re/a tw=n? semble plutôt exclue.

3-4.Dans la séquence des lettres TAQU à la fin de la ligne 3, on reconnaît aisément un mot au pluriel neutre dérivé de qu/ra - «porte». Il est fort probable qu'il s'agit ici du mot ta\ qu|[rw/mata. Sur le terme qu/rwma, voir généralement R. Ginouves et alii, Dictionnaire méthodique de l'architecture grecque et romaine, II. Éléments constitutifs: supports, couvertures, aménagements intérieurs [= Collection de l'École Française de Rome 84], Paris 1992, p. 37 avec note 167; p. 50 avec note 288, p. 53 avec note 289. Ce terme employé souvent au pluriel, revient à plusieurs reprises dans les papyrus grecs d'Égypte comme élément du vocabulaire relatif à la maison; cf. G. Husson, OIKIA. Le vocabulaire de la maison privée en Égypte d'après les papyrus grecs [= Université de Paris IV - Paris-Sorbonne, Série « Papyrologie » 2], Paris 1983, p. 107-109. Il désigne soit « la menuiserie d'une porte avec l'encadrement» soit «le ventail de bois». Quant aux inscriptions, le terme qu/rwma n'est pas très fréquent. Il ne figure au pluriel que dans une inscription des marchands palmyréniens à Koptos (IPortes, no. 103, période romaine). Le texte amélioré par É. Bernand, « QURWMA», ZPE 60 (1985), p. 81-84, se lit ainsi, ll. 6-9: a)nasth/santa a)po\ qemeli/ou to\ propu/laion kai\ ta\j stoua\j (sic) trei=j kai\ ta\ qurw/mata e)k kainh=j ta\ pa/nta. Le terme qurw/mata désignerait ici la porte d'accès à quelque local de l'association des Palmyréniens ou à un temple. qu/rwma au singulier se trouve dans une dédicace gravée sur un linteau découvert à el-Koussieh (Cusae) en Moyenne Égypte (OGIS 734; Breccia, Iscrizioni, no. 37; SB V 8978) où il est dit que les Thraces ont dédié à Zeus Sôter to\ pro/pulon [kai\ to\] qu/rwma (entre 172 et 169 av. J.-C.). On le retrouve aussi dans deux inscriptions de Théadelphie du Fayoum (IFayoum II, nos. 103-104), datées de 150/149 av. J.-C. et relatives au même bâtiment, où il désigne la porte d'un gymnase. Peut-être que dans l'inscription ici étudiée le terme to\ qu/rwma - « la menuiserie d'une porte avec l'encadrement», «le ventail de bois» est associé au mot «portail» - to\ pro/pulon, to\ propu/laion; cette association, très naturelle, est attestée par les inscriptions de Koptos et d'el-Koussieh. Le texte ainsi reconstitué prendrait la forme suivante: [to\ pro/pulo]n? ?([to\ propu/laio]n) kai\ ta\ qu|[rw/mata. Quant aux [ - - - ]n?ta on est tenté de suppléer kai\ ta\ sugku/ro]nta pa/nta?. ta\ sugku/ronta - « dépendances » sont souvent mentionnées dans les dédicaces de différents édifices de la période ptolémaïque; cf. p.ex. SB I 589: [t]o\n flero\n [peri/bolon (?) kai\] th\n pros[euxh\n kai\ ta\ sug]ku/ronta et SB IV 7454: th\n proseuxh\n kai\ ta\ sunku/ronta. Les [to\ pro/pulo]n? kai\ ta\ qu|[rw/mata kai\ ta\ sugku/ro]n?ta pa/nta dédiés dans la présente inscription appartiennent le plus vraisemblablement à quelque espace sacré ou à un édifice public.

[A.Ł.]


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