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83. ÉPITAPHE DE PAIBÔ

Département de l'Art antique, inv. 198734.

Lieu et contexte de la découverte inconnus. Anciennement dans la collection du Lyceum Hosianum à Braunsberg, depuis 1947 au Musée National de Varsovie. Compte tenu du style et de l'iconographie du relief, la pierre peut être attribué au Delta occidental, peut-être à Kom Abou Billou (Térénouthis).

Calcaire. Stèle avec représentation d'un banquet funéraire en relief dans le creux; h. 23 cm, l. 15,6 cm, ép. 6,4 cm; brisée horizontalement et recollée au niveau du matelas; bords de la pierre abîmés; surface très fortement érodée et écaillée, plus particulièrement au coin supérieur gauche et au centre dans la partie droite. Sur un lit muni d'un matelas, un homme allongé et tourné à droite. Il est vêtu d'un chiton dont la manche descend jusqu'au coude et d'un manteau qui recouvre l'épaule et le bras gauches. Le défunt s'appuie de l'avant-bras gauche sur le coussin, sa main gauche repose librement à hauteur du ventre. De la main droite en semi-flexion il tient une coupe. Au-dessous de la main droite restent visibles les traces d'une figure incisée (chacal d'Anubis?). L'inscription est gravée au-dessous du relief. La ligne 1 gravée entre les pieds du lit. Les lignes du texte sont séparées par des lignes horizontales incisées, tracées à 1,5 cm de distance les unes des autres. Gravure peu soignée rappelle le graffite. H. des lettres 1 - 1,4 cm.

D'après la pierre au Musée National de Varsovie, W Godlewski, RMNW 29 (1985),

p. 248-250, fig. 8. D'après la pierre au Musée National de Varsovie, Z. Kiss dans: CSIR-Pologne II 1, p. 65, no. 68, pl. 39 (, H. W. Pleket, SEG XL 1585).

Cf. A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 160, no. 88 (bibliographie).

III - début du IV s. ap. J.-C., d'après la paléographie et les critères stylistiques du relief.

Paibw= pil-

o/teknoj e)[t]

w=n penth/k?

4 onta e(pta/: mh-

[no\]j Parmou=ti.

1-2. lire i)lo/teknoj || 2-3. e)...tw=n Godlewski, Kiss; le trait horozontal avant le « w» au début de la ligne 3 ne fait pas partie de la lettre « t» mais reste une trace de polissage de la pierre au moyen d'un ciseau; en réalité le « t» devait se trouver à la fin de la ligne 2, à l'endroit où la surface de la pierre est aujourd'hui altérée || 4-5. mhno\j Godlewski, Kiss || 5. lire Farmou=qi

Paibô, aimant ses enfants, (âgé de) 57 ans. (Il est mort) au mois de Pharmouthi.

1.         Le nom Paibw= n'est attesté que dans cette inscription. Son origine égyptienne ne fait pas de doute mais l'explication de son étymologie se heurte à quelques problèmes. Il s'agit le plus vraisemblablement d'une variante d'orthographe du nom Peb«, avec une substitution ordinaire de « e» à « ai». Le nom Pebô est surtout attesté pour la basse Antiquité, aussi bien par les sources grecques que coptes; cf. p.ex. P. Lond. IV 1419, 948, 953, 1182, 1238; 1461, 50; 1432, 31; 1449, 75; 1421, 17; 1446, 19; 1460, 87; 1553, 87; Lefebvre, Recueil, nos 542 et 677. On retrouve aussi un certain nombre de formes apparentées: Peba=j, Pebau=, Pebe/, Pebh=j, Pebo/, Pe/boj, Pebw=j, Pibw=, Pibw=j; pour les références, voir Preisigke, Namenbuch et Foraboschi, Onomasticon, s.vv. Selon G. Heuser, Die Personennamen der Kopten I [= Studien zur Epigraphik und Papyruskunde I.2], Leipzig 1929, p. 22 les noms commençant par Peb-,Pib- viennent de l'égyptien p3-3bw = « muet ». De son côté, E. Lüddeckens, Demotisches Namenbuch, p. 154 voit leur étymologie dans l'égyptien p3-3b3 = « panthère ». Il ne nous semble pas probable que le nom Paibw= vienne de p3-ibis = «appartenant à l'ibis (Thot)», car la terminaison -w ne se laisserait alors aucunement expliquer.

4-5.Godlewski et Kiss lient e(pta/ à mhno\j Parmou=ti qui le suit et traduisent ce passage: « (âgé de) 50 ans. (Il est mort) le 7 Pharmouthi ». Or, cette lecture est erronée du point de vue syntaxique et doit être rejetée au profit de celle que nous proposons plus haut; Pleket, SEG XL 1585 se prononce dans le même sens. Il est étonnant de constater que dans la nouvelle lecture il manque la désignation du jour du mois. Il est probable que cette indication se trouvait au début de la ligne 6, à l'endroit où la surface de la pierre est altérée. En réalité, ce que l'on voit sur la pierre c'est, après la lacune, une trace de trait oblique qui pouvait appartenir à un « l» ou, ce qui est moins probable, à un « a». Compte tenu de cette observation, à titre d'hypothèse, nous proposons la lecture: mh...[no\]j Parmou=ti ... l?Ä.

[A.T.]


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