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43. DÉDICACE À SARAPIS ET ISIS POUR LE ROI PTOLÉMÉE I SÔTER FAITE PAR NIKANÔR ET NIKANDROS

Département de l'Art antique, inv. 198762.

Trouvée avant 1893 à Alexandrie (Botti appelle cette inscription alexandrine) dans un contexte inconnu. Achetée avant 1909 pour la collection du Lyceum Hosianum à Braunsberg (no. d'inv. 920), depuis 1947 au Musée National de Varsovie.

Marbre blanc bleuâtre couvert de patine grise. Plaque; h. 13 cm, l. 36 cm, ép. 7,1 cm; conservée intacte. Traces à peine visibles de réglage au-dessous des lignes 2 et 4 et au-dessus de la l. 5; petits apices tracés irrégulièrement. Dans l'epsilon, le trait médian nettement plus court que les traits extérieurs, les traits obliques dans le kappa courts et légèrement recourbés vers l'extérieur, dans le mu, les traits extérieurs obliques, la haste droite dans le nu et le pi plus courte que la gauche, l'omicron plus petit que les autres lettres, dans le sigma les traits extérieurs divergents, les traits de l'upsilon écartés et recourbés. H. des lettres: 0,6 - 1,3, h. moyenne d'interligne: 0,4 - 0,8 cm.

D'après l'estampage conservé au Musée Gréco-Romain d'Alexandrie, G. Botti, Notice des monuments exposés au Musée Gréco-Romain d'Alexandrie, Alexandrie 1893, p. 125 (M. L. Strack, Die Dynastie der Ptolemäer, Leipzig-Berlin 1897, p. 219, no. 4; W. Dittenberger, OGIS 21; F. Bilabel, SB V 8849; E. Visser, Götter und Kulte im ptole-mäischen Alexandrien, Amsterdam 1938, p. 90, no. 2; G. Ronchi, Lexicon theonymon 4 [1976], p. 919, s.v. Ptolema›ow I [?]). D'après la pierre à Braunsberg, W. Weißbrodt, Verzeichnis Braunsberg, Sommer-Semester 1913, p. 19, no. 18. D'après la photographie, É. Bernand, IAlexPtol, no. 1, pl. 1.

Cf. O. Rubensohn, AfP 5(1) (1909), p. 156, note 1 (indique que l'inscription se trouve au Lyceum Hosianum à Braunsberg). P. M. Fraser, Ptolemaic Alexandria II [1972], p. 115, note 21 (sur les dédicants) et p. 120, note 43 (sur le démotique Poludeukeios). A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 156, no. 47 (bibliographie).

305 - 285 av. J.-C., d'après la paléographie et la forme de l'inscription.

u(pe\r basile/wj Ptolemai/ou

kai\ tw=n te/knwn

Sara/pidi, )/Isidi

4       Nika/nwr kai\ Ni/kandroj

Ni/kwnoj Poludeu/keioi.

Pour le roi Ptolémée et (ses) enfants à Isis et Sarapis (ont dédié) Nikanôr et Nikandros, fils de Nikôn, Polydeukeioi.

1-2.Les caractéristiques manifestement anciennes de la paléographie ainsi que la formule simple de cette dédicace indiquent que basileu\j Ptolemai=oj, exempt d'épithète cultuelle, désigne Ptolémée I Sôter. Le titre de basileu/j qu'il porte permet de dater l'inscription de la période après 305/4 av. J.-C., date à laquelle Ptolémée fils de Lagos, satrape de l'Égypte, prit officiellement le titre de roi. Le terminus ante quem absolu de l'érection de la dédicace est naturellement déterminé par la mort de Ptolémée I en 282 av. J.-C., mais il est légitime de penser que l'inscription est antérieure à 285 av. J.-C., date qui correspond au début du règne commun de Ptolémée I Sôter et de son fils Ptolémée II Philadelphe qui n'est pas mentionné dans le texte comme co-régent. Le terme «enfants» désigne, selon toute vraisemblance, la progéniture de Ptolémée I et de sa dernière épouse Bérénice. Puisque la date exacte de l'érection de la dédicace n'est pas connue, nous sommes dans l'impossibilité de dire de quels enfants issus de ce couple il est précisément question dans le texte. On notera également que l'inscription ne mentionne pas, à côté des enfants, Bérénice qui, pendant toute la période en question (305/4-285 av. J.-C.), fut l'épouse officielle de Ptolémée I.

3.         L'inscription ici étudiée est une des plus anciennes sources qui font mention de Sarapis. Il faut souligner le fait que Sarapis apparaît ici en compagnie d'Isis et que cette dernière est citée en première position. Pour la phase ancienne du culte de Sarapis, voir P. M. Fraser, Opusc. Ath. 3 (1960), p. 1-20.

4-5.Les auteurs de la dédicace ainsi que leur père portent les noms formés sur le mot ni/kh. Tout porte à croire que la famille dont les trois hommes sont issus restait fidèle à la tradition qui obligeait à donner aux enfants (peut-être seulement aux garçons) des noms dérivés d'une même racine. Assez répandu dans le monde grec, ce genre d'usage onomastique se laisse aujourd'hui observer dans les inscriptions et, plus particulièrement, dans les inscriptions funéraires. Le texte qui illustre sans doute le mieux cette coutume est l'épitaphe de Byzance, L. Robert dans: Fıratlı, Stèles, no. 71 = I.K. 58 [Byzantion], no. 212. Dans le texte en question, les personnes appartenant à trois générations d'une même famille portent exclusivement les noms formés sur a)/ristoj: )Aristo/-bouloj, )Aristokra/thj, )Aristodi/kh. Il ne fait pas de doute que la famille dont les enfants portent de jolis noms qui évoquent la fierté, formés sur ni/kh, appartient à la plus haute société alexandrine.

5.         Poludeu/keioj est un démotique d'Alexandrie. En dehors de la présente inscription, il est attesté seulement dans le P.Petrie III 14, l. 8 (238/7 av. J.-C.). Le nom du dème vient de celui d'un des Dioscures. On sait qu'aux premiers temps d'Alexandrie, ses dèmes recevaient uniquement des noms dérivés de ceux de divinités et de héros, usage qui s'écartait de l'appellation traditionnelle grecque des dèmes où dominaient les noms topographiques. La réforme du système de dénomination des dèmes alexandrins attribuée à Ptolémée IV apporta la prédominance des noms liés à Dionysos. Pour les dèmes alexandrins, voir Fraser, Ptolemaic Alexandria I [1972], p. 41-46.

[A.Ł.]


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