60

60. DÉDICACE D'UN PÉRIBOLION ÉRIGÉE PAR PITY[ ],FILS DE PAÉSIS, PRÊTRE DU DIEU À LA TÊTE DE CHIEN, POUR L'EMPEREUR CLAUDE

Département de l'Art antique, inv. 198822.

Lieu et contexte de la découverte inconnus. Avant 1903 vue par Th. Reinach et P. Jouguet chez un antiquaire au Caire. Achetée avant 1909 pour la collection du Lyceum Hosianum à Braunsberg (no. d'inv. 863), depuis 1947 au Musée National de Varsovie. La pierre provient sans aucun doute d'Égypte mais il est impossible de définir sa provenance avec plus de précision. La provenance: Abydos (?) suggérée par Bilabel est tout arbitraire.

Calcaire blanc patiné gris. Plaque épaisse ou bloc de pierre; h. 27 cm, l. 35 cm, ép. 12,2 cm; dans sa partie droite, la plaque a été retaillée très vraisemblablement déjà à l'époque moderne, par conséquent, il manque des lettres à la fin de chaque ligne du texte; surface de la pierre érodée et ébréchée, plus particulièrement dans les lignes 1 et 8. Gravure très profonde, mais peu soignée. La profondeur de la gravure ainsi que la taille des lettres sont différentes dans différentes lignes, les plus grandes lettres le plus profondément gravées sont celle de la l. 4, les plus petites et le moins nettes sont celles de la l. 2. Traces évidentes de couleur rouge au fond des lettres.

D'après le copie de T. Reinach et de P. Jouguet, S. de Ricci, AfP 2 (1903), p. 432-433, no. 19 (Cagnat, IGR I 1161; Bilabel, SB V 8807 avec la provenance: Abydos (?); Ronchi, Lexicon theonymon 4 [1976], p. 765, s.v. me/gistoj Kunoskefa/lhoj). D'après la pierre à Braunsberg, Weißbrodt, Verzeichnis Braunsberg, Sommer-Semester 1913, p. 19, no. 19.

Cf. O. Rubensohn, AfP 5 (1) (1909), p. 156, note 1 (indique que l'inscription se trouve au Lyceum Hosianum à Braunsberg). A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 158, no. 61 (bibliographie).

30 janvier 49 ap. J.-C., d'après la date régnale.

u(pe\r T?i?b?e?r?i/ou Klau?[di/ou]

ai/saroj Seba?s?t?ou= Germa[nikou=]

au)tokra/toroj Pitu?[ 4-5 ]

4 Pah/sioj flereu\j K[uno]-

kefalh/ou q?eou= meg[ 4-5 ]

oi)kodo/mhse to\ perib?[o/lion]

tou=to eu)sebei/aj xa/?[rin]

8 (e)/touj) q? / Mexei\r e? /e)p a)g?[aq%=].

1. [Tibe]ri/ou de Ricci || 4-5. K[unos]...kefalh/ou de Ricci (d'après Reinach) et alii, lire K[uno]|kefalei/ou || 5. megi/s[tou] de Ricci || 6. oi)kodo/mhsen de Ricci d'après Reinach, lire %)kodo/mhse | peri/b[olon] de Ricci, perib?[o/lion] suggeré par Wilcken dans une note de rédaction à la publication de Ricci || 8. L pierre

Au nom de Tibérius Claudius César Auguste Germanique Imperator, Pity[ ] fils de Paésis, prêtre du grand dieu (ou: « du très grand dieu ») à la tête de chien a érigé cette enceinte pour des raisons de piété, l'an 9, le 5 Mécheir, pour le bien.

1-3.La titulature impériale (Tibe/rioj Klau/dioj Kai=sar Sebasto\j Germaniko\j Au)tokra/twr) est celle de l'empereur Claude. D'après Bureth, Titulatures, p. 30-32 il s'agit de la version de titulature de Claude le plus souvent attestée dans les documents grecs d'Égypte.

3.         Dans Preisigke, Namenbuch et Foraboschi, Onomasticon, on retrouve seulement deux nom masculins commençant par Pitu-, à savoir: Piturou=j et Pitu/rwn. Étant donné que dans la période romaine le «u» n'est qu'une variante dans la transcription du phonème /i/, tout comme «h» et «i», on peut envisager aussi les noms commençant par Pith- et Piti-(Pith/nioj, Pith=rij, Pith=j, Pitiqo/i+j, Pitiki/nnoj, Pi/tionoj, Piti=j). Le nom que nous recherchons est très vraisemblablement d'origine égyptienne, ce que semble indiquer la syllabe P - qui est une des variantes de transcription du préfixe possessif égyptien p3.

4-5.Compte tenu de la longueur de la lacune à la fin de la ligne 4 et de la présence de la lettre « k » avant la lacune, la restitution K[uno]kefalh/ou semble très probable. Kunokefa/leioj qeo\j me/gaj (ou me/gistoj) c'est, selon toute vraisemblance, Anubis, à l'origine une divinité locale du nome XVII de la Haute Égypte, puis dieu de la momification, serviteur d'Osiris chargé d'amener devant lui les âmes de défunts. L'animal sacré d'Anubis était le chacal (ou le chien), c'est pourquoi le dieu était très souvent représenté avec une tête de chacal ou de chien. On retrouve quelques occurrences de l'épithète « à la tête de chien » pour désigner Anubis dans les sources littéraires grecques et latines; cf. Tertullien, Apologétique VI 8 [= Th. Hopfner, Fontes Historiae Religionis Aegyptiacae, Bonn 1922-1925, p. 379]; Minucius Felix, Octavius XXII 1 [= Hopfner, Fontes, p. 295]; Lucien de Samosate, Assemblée des Dieux 11 [= Hopfner, Fontes, p. 316]; voir aussi ibidem, 10 [= Hopfner, Fontes, p. 315] où l'on trouve l'épithète kunopro/swpoj. L'inscription qui fait l'objet de notre étude serait donc l'unique source non littéraire mentionnant cette épithète. L'expression i(ereu\j K[uno]kefalh/ou employée dans l'inscription indique que l'épithète en question non seulement faisait partie du lexique utilisé par les Grecs et les Romains (indifféremment par les adeptes et les opposants) pour décrire la religion égyptienne mais elle aussi revêtait une véritable signification cultuelle. Le culte d'Anubis jouait en effet un rôle important dans l'Égypte gréco-romaine, tant dans le milieu égyptien que dans le milieu hellénisé, il aussi laissé des traces en dehors de l'Égypte; cf. J. Cl. Grenier, Anubis alexandrin et romain [= Études préliminaires aux religions orientales dans l'Empire Romain 57], Leiden 1977. Grenier, op. cit., p. 178, qui ne connaît pas notre inscription, signale l'absence dans les sources de mentions relatives aux prêtres d'Anubis.

5. On peut suppléer aussi bien meg[a/lou] que meg[i/stou].

[A.Ł.]


AttachmentSize
60.pdf102.62 KB