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70. ÉPITAPHE MÉTRIQUE DE TSATÉCHANIS

Département de l'Art antique, inv. 198797.

Lieu et contexte de la découverte inconnus. Jadis dans la collection du Lyceum Hosianum à Braunsberg, depuis 1947 au Musée National de Varsovie. La pierre provient très certainement d'Égypte.

Calcaire blanc, fortement patiné. Plaque rectangulaire; h. 25 cm, l. 35 cm, ép. 6,5 cm; surface ébréchée; coin supérieur droit couvert de mortier blanc. Champ épi-graphique aux dimensions: h. 21,2 cm, l. 26,6 cm, encadré d'un trait profondément incisé, double sur les côtés et simple en haut et au bas. La rainure du haut ornée d'un motif de tresse. Le champ épigraphique ne contient que l'épitaphe métrique. Des deux côtés, entre les rainures verticales, est inscrite la formule de consolation en prose, disposée du bas en haut, perpendiculairement au texte métrique. Gravure profonde mais peu soignée. Les lignes du poème sont séparées les unes des autres par de petits traits horizontaux situés au-dessus des premières lettres de chaque ligne. Lettres de hauteur inégale: de 1,2 cm (omicron, sigma) à 2,5 cm (phi). Lettres et rainures délimitant le champ épigraphique sont peintes en rouge.

D'après la copie de W. Hartke et une photo, Peek, Gr. Vers-Inschr., no. 1480 et add. p. 693. idem, Gr. Grabgedichte, no. 397. D'après la pierre au Musée National de Varsovie, A. Sadurska, « Greckie epitafium metryczne w zbiorach Muzeum Naro-dowego w Warszawie », Meander 10 (1955), p. 79-82: en polonais. eadem, Bibl. Cl. Orientalis 2 (1957), p. 3-5: avec des améliorations dues à W. Peek (P. M. Fraser, JEA 45 [1959], p. 89). D'après la pierre au Musée National de Varsovie, Sadurska, RMNW 4 (1959), p. 205-206, no. 11, fig. 12. D'après une photo, É. Bernand, Inscriptions métriques, p. 233-235, no. 55, pl. LXV.

Cf. P. M. Fraser, JEA 42 (1956), p. 106, no. 6 (sur Peek, Gr. Vers-Inschr.). L. Robert, Gnomon 31 (1959), p. 4. J. et L. Robert, Bull. épigr. 1958, 529 (sur les deux publications de Sadurska). P. M. Fraser, JEA 47 (1961), p. 140, no. 5 (sur la publication de l'inscription dans: Peek, Gr. Grabgedichte). SEG XVIII 717 (bibliographie, sans le texte). A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 159, no. 74 (bibliographie).

II-III s. ap. J.-C.

gnwth\ e)mh\ Tsatexa=ni

gu/nai q¡ a(/ma mh=ter Omarhj?,?

pa/nta ta/d¡ a(rpacasa met-

4       %/xeo dw=ma qano/ntwn:

o)rfano\j e)n pa/ntessi kai\

ou)x e(ni\ mou=non e)tu/xqhn:

nai\ ma\ se/, suntri/cei me li/-

8       qoj zw/onta/ per e)/mphj,

ei)j o(/ ken e)/nq¡ a)fi/kwmai, o(/-

p$ fqame/nh m¡ e)mbebh/keij.

De part et d'autre du poème, en lignes verticales, du bas en haut:

eu)moi/rei, ou)dei\j

12     a)qa/[n]atoj.

1. Gnw=t(e) e)m(e\) Sate/xan Sadurska [1955], d Bernand (faute d'imprimerie) || 2. o(mart$= Sadurska [1955], Fraser [1959], ÑOma/raj Peek, Gr. Grabgedichte || 3-4. met%/xe(i)j Sadurska [1955] et [1957] || 7-8. me\n Q(e)o/j Sadurska [1955] et [1957], (m)e suntri/yei (p)e/nqoj Fraser [1959] || 9. Ei(/soken Sadurska [1955] || sur les marges: eu)moi/rei ou)dei/j: [ou)dei\j] a)q[a/n]atoj Sadurska [1955], a)q[a/n]atoj Sadurska [1957], o[u)]dei/j Peek, Gr. Vers-Inschr.

Tsatéchanis, ma sœur et aussi ma femme et la mère d'Omara, en m'enlevant tous ces biens tu as gagné la demeure des morts. Tu m'as privé de tous les biens et non pas d'un seul. Je te le jure, une pierre m'écrasera, tout vivant que je suis, jusqu'au moment où j'irai là où tu t'en es allée avant moi. Sois heureuse, personne n'est immortel. (É. Bernand)

Dans l'épitaphe, l'homme s'adresse à son épouse défunte. Rien ne semble indiquer que celle-ci ait quitté ce monde pendant l'accouchement, comme le voulait Sadurska.

1-2.À la différence de Sadurska, qui traduit « Tsatechani, die du mir so nahe standest », nous sommes d'avis que le mot gnwth/ est ici employé au sens de« sœur ». L'argument de la pratique du mariage consanguin en Égypte romaine peut sans doute étayer cette interprétation; sur cette pratique voir H. Thierfelder, Die Geschwisterehe im hellenistisch-römischen Ägypten [= Fontes et commentationes 1], Münster 1960.

Le nom Tsatexa=nij n'est attesté que par cette inscription. Il s'agit très vraisemblablement d'un nom d'origine égyptienne, mais nous ignorons son étymologie. De même, le nom Omara (ÑOma/ra ou )Oma/ra) est un hapax. Il semble qu'il s'agisse d'un nom sémitique. En effet, dans les papyrus grecs de la période arabe (cf. les exemples cités dans: Preisigke, Namenbuch) on retrouve le nom masculin )Oma/r ()Oma/ra) qui est une transcription de l'arabe ‘Umar, mais on ne connaît pas sa version féminine.

3.         Comme le remarque É. Bernand, pa/nta ta/d(e) renoue avec le vers précédent. La mort de Tsatechanis a fait perdre à son mari en même temps sa soeur, sa femme et la mère de sa fille. Le même motif est développé d'une manière plus directe dans le vers suivant.

11.       Sur la formule de consolation eu)moi/rei, ou)dei\j a)qa/natoj, voir commentaire de l'inscription 40. Elle est attestée dans les inscriptions grecques d'Égypte.

[A.Ł.]


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