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57. DÉDICACE DE LA STATUE D'ACHILLEUS, FILS D'AKOUSILAOS, EKLOGISTÈS DE L'ARSINOÏTE, ÉRIGÉE PAR DES PRÊTRES

Département de l'Art antique, inv. 198838.

Lieu et contexte de la découverte inconnus. Vue au début du XX s. par Otto Rubensohn sur le marché des antiquités en Égypte. Achetée avant 1909 pour la collection du Lyceum Hosianum à Braunsberg (no. d'inv. 869), depuis 1947 au Musée National de Varsovie.

Marbre blanc crème, fortement patiné, devenu gris (Rubensohn note: « grès », ce qui est faux). Base d'une statue; h. 17,5 cm, l. 29 cm, ép. 48 cm. Le plan supérieur de la base avec une cavité destinée à fixer la statue, dimensions: largeur 18,5 cm, profondeur 37 cm; du côté droit, le bord de la cavité complètement brisé; au fond de la cavité des traces de mortier. L'inscription est gravée sur la face plus étroite de la base. Gravure peu profonde et peu soignée. Lettres inégales; aux lignes 4-5 nettement plus grandes qu'aux lignes 1-3. Dans la partie finale de l'inscription contenant la date (seconde partie de la ligne 5), faute de place, les lettres deviennent plus étroites et la distance entre elles diminue; à cet endroit du texte, le lapicide utilisa une abréviation. H. des lettres: de 1,3 cm (oméga dans la l. 5) à 2 cm (alpha au début de la l. 5). La forme des lettres varie: aux lignes 1-3 l'epsilon et le sigma lunaires, aux lignes 4-5 carrés. Au-dessous de l'inscription, un texte tracé à l'encre noire « Beihilfe der Provinz ».

D'après la pierre vue dans le commerce des antiquités en Égypte avec la notice selon laquelle le monument avait été acheté pour le Lyceum Hosianum et se trou-vait déjà à Braunsberg, O. Rubensohn, AfP 5 (1) (1909), p. 162, no. 9. D'après la pierre à Braunsberg, Weißbrodt, Verzeichnis Braunsberg, Sommer-Semester 1913, p.21, no. 25. D'après une photo de la pierre au Musée National de Varsovie, É. Bernand, IFayoum III, no. 211, pl. 41.

Cf. A. J. Reinach, REG 23 (1910), p. 338 (sur la publication de Rubensohn). A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 157, no. 60 (bibliographie).

3 octobre 23 av. J.-C.

)Axille/a )Akousila/-

ou to\n e)glogisth\n

tou= )Arsinoi+/tou

4 oi( flerei=j eu)ergesi/-

aj xa/rin: (e)/touj) hÄ Kai/s(aroj) Faw=f ×j.

5. L hkaifa×wf pierre

(Statue d') Achilleus, fils d'Akousilaos, eklogistès de l'Arsinoïte, (élevée par) les prêtres en témoignage de ses bienfaits, l'an 8 de César, le 6 Phaôphi.

1-3. A propos d' e)glogistai/...e)glogistai/ voir commentaire de l'inscription 49, l. 4.

Dans P. Ryl. II 69 (Euhémeria?, 34 av. J.-C.) on mentionne un certain Achilleus e)glogisth/j qui possède dans l'Arsinoïte la terre cultivée par des fermiers. Il est fort probable que ledit Achilleus e)klogisth/j et Achilleus fils d'Akousilaos, eklogistès de l'Arsinoïte honoré par notre inscription, est une seule et même personne. Si c'était le cas, nous aurions là un exemple intéressant de carrière d'une personne ayant occupé la même fonction pendant quelques années, voire plus longtemps, indépendamment des changements politiques survenus entre-temps (effondrement de l'État des Lagides et début de la domination romaine en Égypte). Pour leur part, les auteurs de la Prosopographia Ptolemaica (voir PP I 146; III 5349 b; VIII add 319) identifient Achilleus e)glogisth/j de P.Ryl. II 69 avec Achilleus, père d'un Ptolémaios, parent du roi, stratège et exégète de l'Arsinoïte, l'auteur de l'inscription IFayoum I 13 (43/2 av. J.-C., acquise à Crocodilopolis-Arsinoé). Cette identification nous semble toutefois peu probable. En effet, en 42/3 av. J.-C., Ptolémaios qui occupait un poste important dans l'administration ptolémaïque ne devait plus être jeune, tandis que son père, Achilleus, était sans doute relativement avancé dans l'âge. Quelques années plus tard, en 34 av. J.-C., Achilleus était vraisemblablement décédé, mais, même s'il avait été en vie, il aurait été trop vieux pour remplir la fonction d'eklogistès.

Peut-être la famille d'Achilleus fils d'Akousilaos était-elle installée au Fayoum depuis de nombreuses générations. En effet, dans P. Tebt. I 64, col. IV, l. 44, P. Tebt. IV 1108, l. 46 et P. Tebt. IV 1113, col. II, l. 47 (tous datés de 116/5 av. J.-C.) apparaît le phylakitès Akousilaos, fils d'Apollonios et petit-fils d'Achilleus, cultivant la terre à Kerkeosiris, peut-être un ancêtre lointain d'Achilleus, fils d'Akousilaos de notre inscription. Par ailleurs, dans P. Münch. III 94 (Ptolémaïs Euergétis, 98-102 ap. J.-C.), est mentionné comme prêteur un certain Achilleus, fils d'Akousilaos, qui peut bien être le descendant de l'homme honoré par notre inscription.

4-5.     Fonctionnaire chargé des finances, Achilleus a dû rendre quelque service aux prêtres d'un temple ou d'un plus grand groupe de temples du nome d'Arsinoïte qui, pour le remercier de ses bienfaits, l'ont honoré d'une statue.

5.         La leçon Faw=f(i) est tout aussi possible. Le trait oblique au-dessus de l'oméga pourrait dans ce contexte être considéré comme un signe d'abréviation. Mais il se peut également que ce trait soit une marque d'accent dans le nom du mois.

[A.Ł.]


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