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95. ÉPITAPHE DE TANISGÉNÈ

Département de l'Art antique, inv. 198787

Lieu et contexte de la découverte inconnus. Parvenue à la collection du Lyceum Hosianum à Braunsberg avant 1913 (no. d'inv. 1146), depuis 1947 au Musée National de Varsovie. Compte tenu de la forme du support et de l'inscription, nous pouvons attribuer le monument avec certitude à Panopolis (cf. infra).

Calcaire blanc, l'avant de la plaque fortement patiné, devenu gris. Plaque aux coins supérieurs taillés obliquement; h. 26 cm, l. 35 cm, ép. 5,3 cm; le coin inférieur droit brisé; le bord inférieur avec une grande brèche à gauche; les bords et la surface ébréchés. Gravure profonde mais peu soignée; traces de couleur rouge au fond des lettres; le champ épigraphique a peut-être été peint en jaune; ligature ST à la l. 1. Alpha à barre brisée, epsilon et sigma carrés, trait médian dans l'epsilon plus long que les traits extérieurs, mu cursif. H. des lettres: 0,5 - 1,8 cm.

D'après la pierre à Braunsberg, S. de Ricci, Rev. épigr. 1 (1913), p. 152, no. 21: fac-similé, transcription en minuscules (F. Bilabel, SB IV 7305).

Cf. A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 161, no. 102.

VI-VII s.

sth/lh

Tanisge/nhj:

mh\ lhpw= oÈdi\j

4       éqa/natoj:

e)bi/wsen e)tw=n

-- -

mb: Paxw\n ij,i)ndik(ti/wnoj) g//.

3. lire lupou= ou)dei/j || 7. indik pierre

Stèle de Tanisgénè. Ne t'afflige pas, personne n'est immortel. Elle a vécu 42 ans. (Elle est morte) le 16 Pakhôn, de la troisième indiction.

La forme du monument - une plaque de calcaire aux coins supérieurs taillés obliquement - ainsi que la forme de l'inscription construite sur le modèle: sth/lh tou= dei=noj ... e)bi/wsen e)tw=n sont caractéristiques des monuments funéraires chrétiens de Panopolis (Akhmîm) et des environs de cette ville; cf. supra, commentaire de l'épitaphe de Biktorinios. Compte tenu de cette observation et de l'onomastique, il y a lieu de penser que l'épitaphe de Tanisgénè provient de Panopolis ou de ses environs très proches.

2.         Tanisge/nh constitue sans aucun doute une variante orthographique de Taniske/nh avec une substitution ordinaire du « g» au « k»; sur cette substitution voir Gignac, Grammar I, p. 77-80. La forme Tanisge/nh n'est attestée que par cette inscription, alors qu'on recense trois occurrences de Taniske/nh dans nos sources: dans deux épitaphes chrétiennes Lefebvre, Recueil, nos. 258 et 307 et dans P.Paris 31b, 4 de 616 ap. J.-C. Il est intéressant de noter que tous les témoignages relatifs au nom Tanisge/nh/Taniske/nh sont datés de l'époque chrétienne et proviennent de Panopolis et de ses environs; P.Paris 31b a été écrit à This, sur la rive ouest du Nil en face de Panopolis, mais concerne une personne originaire de Panopolis. L'étymologie du nom n'est pas évidente. Ta- au début du nom peut évoquer le préfixe possessif féminin égyptien, très répandu dans l'onomastique de l'Égypte gréco-romaine, ce qui suggère une origine égyptienne.

Dans la langue grecque postclassique, les « v » et « ou» primitifs étaient prononcés, plus particulièrement dans les terminaisons, comme un /o/ fermé, d'où leur fréquente substitution dans les textes; sur ce phénomène voir Gignac, Grammar I, p. 208-211. Sur la substitution banale du «h» au « u» qui n'est qu'une manifestation de iotacisme, voir Gignac, Grammar I, p. 262-267.

[A.Ł.]


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