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50. DÉDICACE AU NOM DU ROI PTOLÉMÉE ET DE LA REINE BÉRÉNICE, DIEUX SAUVEURS, FAITE PAR HÉLIODOROS, THYMOIDÈS ET HERMOGÉNÈS

Département de l'Art antique, inv. 198730.

Vue par Otto Rubesohn au début du XX s. dans le commerce des antiquités en Égypte. Selon l'information fournie par l'antiquaire, la pierre aurait été trouvée à Kom el-Ahmar aux environs de Minieh en Moyenne Égypte. Achetée avant 1909 pour la collection du Lyceum Hosianum à Braunsberg (no. d'inv. 955), depuis 1947 au Musée National de Varsovie.

Calcaire blanc nummulitique. Plaque; h. 26 cm, l. 31 cm, ép. 4,6 cm; conservée intacte; petites ébréchures sur les arêtes. Gravure très soignée; apices; traces à peine visibles de peinture rouge au fond des lettres; dans les lignes 1, 4 et 5, les mots sont séparés par des blancs. Dans l'alpha, la barre médiane s'élève légèrement de gauche à droite, le thêta en forme de cercle avec un point au milieu, le thêta et l'omicron plus petits que les autres lettres, les traits extérieurs du mu obliques, la haste droite du pi plus courte que la gauche et légèrement recourbée vers l'intérieur, les traits extérieurs du sigma obliques. H. des lettres: 0,9 cm, h. moyenne d'interligne: 1,8-1,9.

D'après la pierre vue dans le commerce des antiquités en Égypte avec la notice selon laquelle la pièce avait été achetée pour le Lyceum Hosianum et se trouvait déjà à Braunsberg, O. Rubensohn, AfP 5 (1) (1909), p. 156-158, no. 1 (P. M. Fraser, Ptolemaic Alexandria II [1972], p. 368, note 229 et p. 834, note 260; IAlexPtol, p. 36, note 123). D'après la pierre à Braunsberg, W. Weißbrodt, Verzeichnis Braunsberg, Sommer-Semester 1913, p. 19-20, no. 20.

Cf. A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 157, no. 53 (bibliographie).

88 - 80 av. J.-C. (voir commentaire des ll. 1-3)

Basile/a  w Ptolemai=on

kai\ basi/lissan Bereni/khn

qeou\j Swth=raj ÑHlio/dwroj,

4       Qumwi/dhj, w ÑErmoge/nhj

swqe/ntej w eu)xh/n.

4. Qumw/idhj Rubensohn (par erreur?)

(Statues du) roi Ptolémée et (de) la reine Bérénice, dieux sauveurs, (érigées) par Héliodôros, Thymôidès et Hermogénès, pour avoir été sauvés, en accomplissement d'un voeu.

1-3.O. Rubensohn, loc. cit., était d'avis que le couple royal mentionné dans l'inscription correspondait à Ptolémée I et sa troisième épouse Bérénice et que l'inscription avait été érigée du vivant de ce couple. Comme arguments en faveur de sa thèse, il indiquait la paléographie et la formule simple et claire de la dédicace. Avec cela, Rubensohn devait se rendre parfaitement compte du problème que posait une si haute datation, car, dans les sources d'avant 282 av. J.-C., le nom de Ptolémée I (et d'autant moins celui de son épouse) n'est jamais accompagné du titre qeo\j Swth/r. Or, selon nous, les arguments avancés par Rubensohn pour étayer cette datation ne sont pas convaincants. En effet, la formule de la dédicace: to\n dei=na o( dei=na eu)xh/n est banale et ne présente aucune particularité qui puisse l'attribuer à la haute période ptolémaïque. Il est vrai que la paléographie présente certains traits archaïques, mais elle ne peut aucunement être située au premier quart du III s. av. J.-C. (cf. la forme des lettres de cette inscription avec celle des lettres de la dédicace à Sarapis et à Isis, provenant très certainement du début de la période ptolémaïque, supra, no. 43). À notre avis, du point de vue paléographique, rien n'empêche de dater cette inscription de la seconde moitié de la période ptolémaïque et d'identifier le couple royal avec Ptolémée IX Sôter II et sa fille et co-régente Bérénice. Leur règne commun en Égypte et à Chypre commença en 88 av. J.-C., après l'expulsion d'Alexandrie de Ptolémée X Alexandre et sa mort survenue peu après dans la bataille navale aux environs de Chypre, et dura jusqu'à la mort de Ptolémée IX Sôter II en 80 av. J.-C. Notre inscription doit donc dater de cette période.

4.         Selon Preisigke, Namenbuch et Foraboschi, Onomasticon, le nom Qumwi/dhj n'est attesté en Égypte que par cette inscription. En dehors de l'Égypte, il apparaît uniquement à Rhodes (habituellement dans sa forme dorique Qumwi/daj) et comme nom d'un Rhodien à Délos; cf. LGPN I, s.v. Le fait que le nom Qumwi/dhj n'apparaisse qu'à Rhodes témoigne en faveur de la thèse de l'origine rhodienne de l'homme de notre inscription. Les deux autres personnages mentionnés pouvaient être aussi des immigrés de Rhodes; cf. le nom ÑHlio/dwroj, théophore formé sur le dieu tutélaire de l'île.

[A.Ł.]