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108. FRAGMENT D'UNE ÉPITAPHE (PROBABLEMENT DE CHAEL, ÉVÊQUE DE FARAS)

Département d'Art de l'Orient chrétien, inv. 149482.

Trouvée par la mission polonaise en mars 1961 à Faras, à l'ouest de la chapelle funéraire de l'évêque Iôannès, du côté de la structure dite « monastère »; no d'inv. de chantier: 162/61.

Grès gris. Stèle fragmentaire avec la bordure gauche partiellement conservée; h. 6, cm, l. 6,5 cm, ép. 4,5 cm. Champ épigraphique délimité par un cadre de 1 cm de largeur formé par une rainure simple à l'extérieur et une double rainure à l'intérieur. Inscription gravée sans réglage, gravure peu soignée. H. des lettres: 0,6 (omicron) - 1,5 cm (êta).

D'après la pierre, Jakobielski, FarasIII, p. 162-164, fig. 49 (transcription en majuscule copte).

Années vingt du XII siècle, vraisemblablement 1123/4

[ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ] ou[ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ] )po\ m(artu/rwn) wm?

:[ta\ de\ e)/th th=j zwh=j au)tou=]

4 Ø

p, e)pi\ t[ou= qro/nou - - - - - - - - - - - - - - - - - - -e)/]-th Ø

k[z - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ]

m

3. apo

Le fragment étudié correspond à la partie finale d'une épitaphe et renferme les données relatives à la date de la mort et la durée de la vie du défunt. Stefan Jakobielski, FarasIII, p. 163-164, avance une hypothèse fort probable selon laquelle il s'agirait de l'épitaphe de Chael, évêque de Faras. Son hypothèse s'appuie sur les prémisses suivantes: 1) Le numéral 80 à la ligne 4 désigne sans doute la durée de la vie du défunt, tandis que le numéral fragmentaire 20 + x à la ligne 5 doit se rapporter à une période bien déterminée de sa vie. Dans les inscriptions de Nubie, la préposition §p¤ (ici à la ligne 4) apparaît dans la présentation du défunt le plus souvent avec le mot qro/noj pour introduire le nombre des années correspondant à la durée de l'évêché; il faut en déduire que le défunt était évêque; cf. exemples sur la liste des évêques de Faras, Jakobielski, FarasIII, p. 194, ll. 26 et 28; voir aussi l'épitaphe de l'évêque de Faras Marianos, Kubińska, Faras IV, p. 38-40, no. 8, l. 21; 2) L'année de la mort de l'évêque honoré par cette stèle, donnée selon l'ère des martyrs, commence par un « v » = 800, ce qui situe notre inscription dans la période 1083/4 - 1183/4 ap. J.-C. Parmi les évêques de Faras, dont la fonction est attestée pour cette période, seul Chael ne possède pas son épitaphe. Grâce à l'information concernant Chael fournie par la liste des évêques de Faras, on sait que celui-ci a exercé sa fonction pendant 27 ans, ce qui concorde avec le numéral partiellement conservé à la ligne 5 de notre inscription et permet de le restituer. La liste des évêques de Faras nous apprend que Chael a succédé sur le trône épiscopal à Géorgios qui, comme l'indique son épitaphe, est mort en 1097. La mort de Chael et l'érection de son épitaphe auraient donc eu lieu en 1123/4.

3.         Si la mort de Chael a eu lieu en 1123/4 (voir supra) le numéral ne contient plus le troisième élément et wm? (= 840) est directement suivi de l'expression ta\ de\ e)/th th=j zwh=j au)tou=.

La restitution [ta\ de\ e)/th th=j zwh=j au)tou=] est quasi certaine. Cette formule est couramment utilisée, avec quelques variantes, dans les épitaphes grecques de Nubie pour introduire le nombre des années vécues par le défunt; cf. supra, inscription no. 107, l. 11 et infra, no. 109, l. 25, 110, ll. 20-21.

Entre t[ou= qro/nou et e)/th il faudrait voir une forme du verbe kaqi/zw, comme c'est le cas dans la notice concernant l'évêque Chael sur la liste des évêques de Faras; cf. Jakobielski, FarasIII, p. 194, ligne 27; voir aussi lignes 26 (évêque Géorgios) et 28 (évêque Jésus).

[A.Ł.]


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