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103. INSCRIPTION SUR UN BLOC DE LA CATHÉDRALE DE FARAS

Département d'Art de l'Orient chrétien, inv. 234077.

Trouvé par la mission polonaise à Faras, réemployé, avec quelques autres blocs portant des inscriptions de nature similaire, comme matériau de construction dans le mur sud de l'aile sud de la cathédrale, dans la partie construite en 707 ap. J.-C. pendant l'épiscopat de Paulos. Numéro d'inventaire de chantier FA 83/63-4.

Grès gris. Bloc; h. 27 cm, l. 19 cm, ép. 16 cm; coin supérieur droit retranché, surface de la pierre très fortement érodée. Gravure profonde mais peu soignée. Lettres lunaires. H. des lettres 1,5 cm (omicron) - 3,0 cm (alpha). À la hauteur de la ligne 1, à gauche une croix latine; en plus de cela cinq croix pattées: à gauche, à la hauteur de la ligne 3; à droite, à la hauteur de la ligne 4 et à trois endroits au-dessous de l'inscription.

D'après la pierre, Jakobielski, Faras III, p. 181-182, fig. 64: texte en majuscule. D'après la pierre, Kubińska, Faras IV, p. 130, no. 73, fig. 66.

Cf.A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 162, no. 119 (avec une erreur de la date: XI-XII s.).

Avant 707 ap. J.-C.

€ h( a(gi/a Mari/a

 boh/qiso/n me:

€ e)gw\ o( tou=loj

4 sou ÑHzuki/aj €

 € € €

1. w)= a(gi/a Kubińska || 2. lire boh/qhson || 3. lire dou=loj || 4. lire ÑHsuxi/aj

Sainte Marie aide-moi, je suis ton serviteur Hesychias.

L'inscription ici présentée entre dans une série assez homogène de cinq monuments; cf. Jakobielski, Faras III, p. 182-185; Kubińska, Faras IV, p. 126-160, nos. 70-73. Leurs caractéristiques communes sont: lieu de découverte (mur sud de l'aile sud de la cathédrale, partie construite en 707, où ils furent réemployés comme matériau de construction), forme du support (bloc de grès parallélépipède) et forme de l'inscription, construite sur le modèle «un tel, serviteur de Marie». Notre inscription s'écarte du modèle par la présence d'une invocation à Marie. Mis à part cet élément, les inscriptions sont très proches du point de vue paléographique (une forme assez singulière du «m» qui est écrit comme un L\, le «k» couché) et linguistique (formes «toulo!» ou «touloo» récurrentes). Les similitudes observées entre ces monuments nous amènent à conclure que les inscriptions ont été exécutées à un même moment et dans des circonstances analogues. Peut-être sont-elles l'oeuvre de mêmes personnes, tant en ce qui concerne la rédaction du texte que la gravure. Leur forme indique qu'il s'agit d'inscriptions commémoratives. Comme une de ces inscription (no d'inv. de chantier FA 82/63-4; cf. Jakobielski, Faras III, p. 182) mentionne un certain Paulos charpentier (ou, plus généralement, «artisan»), Jakobielski, loc. cit., pense que ces inscriptions doivent rappeler le souvenir d'un groupe d'artisans qui ont travaillé à la construction ou la reconstruction de la cathédrale de Faras. Cette hypothèse nous paraît très vraisemblable. Il s'agirait en effet de la construction ayant précédé celle qui fut réalisée sous l'épiscopat de Paulos. Et, puisque les inscriptions témoignent d'un culte particulier de Marie, cette première cathédrale devait être, selon Jakobielski, placée sous l'invocation de sainte Marie; ce patronage de la cathédrale de Faras est attesté pour la période ultérieure.

La substitution du « d» au « t» et inversement, assez rare dans le monde grec, est souvent attestée dans les sources d'Égypte. Ce phénomène est très vraisemblablement dû à l'interférence de la langue égyptienne; cf. Gignac, Grammar I, p. 80-83. Il est aussi très bien attesté dans la langue grecque de Nubie, surtout pour le mot dou=loj; cf. p.ex. Lefebvre, Recueil, no. 630.

ÑHzuki/aj est une variante graphique de ÑHsuxi/aj avec la substitution du « !» au « z» et du « x» au « k». Sur la substitution du « z» au « !» et inversement, voir Brixhe, Essai, p. 45-46.; Gignac, Grammar I, p. 120-124. Ce phénomène est bien attesté dans le monde grec (y compris en Égypte et en Nubie). Il s'explique par le fait que le son primitif transcrit au moyen du « z» (/dz/ ou /zd/) était prononcé dans certains dialectes classiques et dans la koiné comme le /z/ qui était la contrepartie voisée du /s/, ce qui entraînait dans de nombreux contextes la neutralisation de l'opposition /s/|/z/. Pour ce qui est de la substitution du « x» au « k», voir Brixhe, Essai, p. 42-44; Gignac, Grammar I, p. 86-96. Fréquent dans les sources provenant de la vallée du Nil, ce phénomène se produit vraisemblablement sous l'effet de langues locales. Le nom ÑHsuxi/aj, sans être populaire, est bien attesté; cf. p.ex. IG II2 2347, II, 31; IG II2 8367; W. H. Buckler, D. M. Robinsohn, Sardeis VII, Greek and Latin Inscriptions 1, no. 166.

[A.Ł.]


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