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90. ÉPITAPHE JUDAÏQUE DE IÉSOUS, FILS DE SAMBAIOS

Département de l'Art antique, inv. 198841.

Lieu et contexte de la découverte inconnus. Parvenue à la collection du Lyceum Hosianum à Braunsberg avant 1913, depuis 1947 au Musée National de Varsovie. Compte tenu du nom du défunt et de celui de son père, l'épitaphe doit être liée au milieu juif d'Égypte. Le monument provient peut-être de Tell el-Yehoudieh (Léontopolis), quoique la forme de la pierre ne connaisse pas d'analogue dans le matériel de ce site.

Calcaire. Stèle à fronton; h. 45,2 cm, l. 21,8 cm, ép. 8,8 cm; la surface de la pierre détériorée. Une double rainure longeant les bords de la stèle (complètement effacée au bas de la pierre) délimite le champ épigraphique. Gravure très profonde mais peu soignée. Lettres carrées. H. des lettres: 1,8 - 3 cm.

D'après la pierre à Braunsberg, S. de Ricci, Rev. épigr. 1 (1913), p. 148-149, no. 12: fac-similé, transcription en minuscules (J. Juster, Les juifs dans l'empire romain I, Paris 1914, p. 497; A. Neppi Modona, Aegyptus 2 [1921], p. 273; Bilabel, SB IV 7296; Frey, CIJ II, no. 1476; Lewis, CPJ III, no. 1476). D'après une photo de la pierre au Musée National de Varsovie, Horbury-Noy, p. 135-136, no. 65, pl. XXIII.

Cf. A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 161, no. 98 (bibliographie).

23 avril l'an 1 ap. J.-C., d'après l'année de règne.

(e)/touj) lÄ,

FarmoËq

-- kz:

4 ÉIhsoËj

Sambai/-

ou êwre

êtekne

8 xrhste/,

xai=re.

1. L pierre, e)/touj de Ricci (et alii) || 9. xai=[r]e de Ricci (et alii), Horbury-Noy

L'an 30, le 27 Pharmouthi. Iésous, fils de Sambaios, mort avant l'âge, sans enfants, excellent, salut.

En règle générale, les épitaphes judaïques d'Égypte sont construites selon le modèle suivant: «nom du défunt, ses épithètes laudatives et son âge au moment du décès + date du décès ». L'inscription ici étudiée présente l'ordre inverse des éléments: « date du décès + nom du défunt, ses épithètes laudatives et son âge au moment du décès», pareil chez Horbury-Noy, nos. 47, 58, 65, 71 et 106. Cette construction reflète peut-être l'influence exercée sur les épitaphes par la forme de certains formulaires administratifs.

1.         Pour la période d'existence de la communauté juive à Léontopolis (seconde moitié du II s. av. J.-C. - début du II s. ap. J.-C.), la date: l'an 30, mois Pharmouthi ne peut se rapporter qu'au règne de Ptolémée IX Sôter II (avril l'an 87 av. J.-C.) ou à celui d'Auguste (avril l'an 1 ap. J.-C.). Ptolémée XII Neos Dionysos entra, lui aussi, dans sa trentième année de règne, mais celle-ci finit pour lui avant le début du mois Phamenôth, c'est pourquoi il ne peut pas être pris en considération. Tout semble donc indiquer la date augustéenne, ce qui nous donne le 23 avril de l'an 1 ap. J.-C. (et non pas le 25 avril de l'an 1 ap. J.-C. comme chez de Ricci).

4.         Le nom )Ihsou=j est bien attesté pour le milieu juif en Égypte gréco-romaine; cf. CPJ III: « Prosopography of the Jews in Egypt », p. 180. Il apparaît entre autres dans une épitaphe métrique de Tell el-Yehoudieh (Léontopolis), Horbury-Noy, no. 34. Il est aussi fréquent dans les épitaphes judaïques de Cyrénaïque.

5-6.Sambai=oj est vraisemblablement un autre dérivé du mot hébraïque «Sabbathai » = « né pendant le Sabbat »; cf. commentaire de l'inscription 86, l. 1. La forme Sambai=oj n'apparaît que dans notre inscription mais dans le papyrus CPJ I 47, 7 (Fayoum, II s. av. J.-C.) on trouve un Sabbai=oj. Pour le flottement entre deux graphies: avec -bb-, qui est plus proche de l'original hébraïque, et -mb- voir CPJ III, p. 44.

[A.T.]


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