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79. ÉPITAPHE DE MÉLAS ET HERAKLAMMON

Département de l'Art antique, 237185.

Lieu et contexte de la découverte inconnus. Achetée en 1992 par le Musée National de Varsovie à un particulier. D'après les informations fournies par le vendeur, le monument avait appartenu à son grand-père. À la fin du XIX et au début du XX siècle, cet homme resta pendant plusieurs années au service du schah de Perse et il effectua à cette époque de nombreux voyages au Proche et Moyen Orient, y compris en Égypte. Il retourna en Pologne au début des années vingt, peu de temps avant sa mort. Il laissa à ses héritiers, parmi d'autres biens mobiles, le monument ici présenté. Le style, l'iconographie ainsi que le sigle L pour e)tw=n indiquent que le monument vient d'Égypte, probablement du centre-ouest du Delta (Térénouthis et ses environs).

Calcaire. Stèle rectangulaire avec relief; h. 25,6 cm, l. 34,2 cm, ép. 5,7 cm; petites ébréchures sur les bords. Dans la partie supérieure de la stèle une représentation de banquet funéraire en bas-relief. À gauche, un homme barbu couché sur une basse kliné pourvue d'un matelas, appuyé de l'avant-bras gauche sur un coussin. De la main droite, étendue et levée, il tient un canthare. À droite, un jeune homme imberbe debout, légèrement penché à droite, le bras droit levée au-dessus d'un autel à cornes (il répand de l'encens?), le bras gauche, dissimulé par le manteau, pend librement le long du corps. L'inscription est gravée au-dessous du relief, en deux colonnes, très exactement au-dessous des personnages représentés.

D'après la pierre, J. Żelazowski, A. Twardecki, « A New Funerary Stela from Egypt in the National Museum in Warsaw », ZPE 95 (1993), p. 156-158 (H. W. Pleket, SEG XLIII 1161).

Cf. J. Bingen, Bull. épigr. 1993, 689 (sur la publication de Żelazowski et Twardecki).

G. Wagner, CRIPEL 19 (1998), p. 157-158 (sur la provenance, sur la date). A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 160, no. 84 (bibliographie).

II-III s. ap. J.-C.

I. Au-dessous le l'homme couché II. Au-dessous du jeune homme debout

Me/laj (e)tw=n) oÄ ÑHrakla/eu)cu/xi. mwn (e)tw=n) kbÄeu)ci/xi.

I. lire eu)cu/xei ...... II. lire ÑHrakla/mmwn, eu)cu/xei

Mélas, (âgé de) 70 ans, aie bon courage. Heraklammon, (âgé de) 22 ans, aie bon courage.

Sur la base de critères stylistique, G. Wagner pense que cette stèle provient de Térénouthis et date de la période 150-250 ap. J.-C. À son avis, il se peut qu'elle ait été produite dans le même atelier dont proviennent les stèles MDAIK 26 (1970), p. 106, BIFAO 72 (1972), p. 141-142 et SEG XXVIII 1529.

II. Sur le nom ÑHrakla/mmwn voir F. Dunand, « Les noms théophores en -ammon. À propos d'un papyrus de Strasbourg du III siècle après J.-C. », CdÉ 38 (1963),

p. 134-146; Żelazowski et Twardecki, op.cit, commentaire ad loc. Le nom appartient au large groupe des noms théophores qui unissent le nom d'Ammon - toujours en deuxième position - à celui d'un autre dieu (ÑArpokra/mmwn, Bhsa/mmwn, Dionusa/mmwn, Dioskora/mmwm, ÑErma/mmwn, ÑHra-kla/mmwn, ÑHra/mmwn, ÑHfaista/mmwn, )Isa/mmwn, Neila/mmwn, Nemesa/mmwn, Plouta/mmwn, Sarapa/mmwn, Souxa/mmwn, Foiba/mmwn, Xnouba/mmwn). Sans être très fréquent, il est bien attesté dans les sources documentaires grecques d'Égypte. Il apparaît aussi dans les sources littéraires comme nom de personnes originaires d'Égypte. Sur le plan idéologique, il s'explique par les liens entre Khonsou (Héraclès par interpraetatio graeca) et Ammon attestés depuis le Nouvel Empire; voir G. Clerc dans: Hommages à Jean Leclant 3, Études isiaques [= Bibliothèque d'Étude 106.3], Le Caire 1994, p. 113-114. Dansl'Égypte pharaonique on retrouve aussi le nom de personne Khons-Ammon qui correspond à ÑHrakla/mmwn; cf. H. Ranke, CdÉ 11 (1936), p. 310. Les composés en -ammwn apparaissent à la fin du I s. ap. J.-C. et se répandent vers le milieu du II s. ap. J.-C., date qui constitue le terminus post quem pour notre inscription.

[A.T.]


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