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68. ÉPITAPHE MÉTRIQUE D'HÉROÏS

Département de l'Art antique, inv. 198796.

Lieu et contexte de la découverte inconnus. Vue par G. Arvanitakis au début du XX s. au Caire, chez l'antiquaire Tano. Achetée avant 1913 pour la collection du Lyceum Hosianum à Braunsberg (no. d'inv. 1060), depuis 1947 au Musée Nationalde Varsovie. La pierre provient très certainement d'Égypte.

Calcaire blanc couvert de patine jaune. Plaque quadrangulaire s'élargissant légèrement vers le haut; h. 31 cm, l. 36 cm, ép. 6 cm. La surface de la pierre ébréchée, surtout le long des arêtes. L'inscription est gravée dans la partie supérieure de la plaque. La partie principale de l'inscription est constituée d'un texte métrique (distique élégiaque) gravé entre les lignes de réglage horizontales tracées à 1 - 1,2 cm l'une de l'autre, ce qui détermine la hauteur des lettres et la hauteur de l'interligne. Une ligne contient un vers; le pentamètre est déplacé à droite par rapport à la marge gauche. Au-dessus de l'inscription métrique on a laissé une marge de 3 cm dans laquelle fut inscrite la date. Hauteur des lettres de la date: 2,3 - 2,8 cm. Au-dessous de l'inscription métrique figure l'acclamation zh=ti. Hauteur des lettres de l'acclamation: 1 - 2,1 cm. Au point de vue technique, l'inscription se compose de deux parties. La première: inscription métrique, acclamation et le premier élément de la date (l'année), se caractérise par une gravure profonde et parfaitement lisible. La seconde, comprenant uniquement le deuxième élément de la date (le jour du mois), est gravée peu profondément et peu lisiblement et rappelle par sa forme un graffito. Cependant, au point de vue paléographique, les deux parties sont très proches (cf. formes identiques du thêta et de l'oméga dans les deux parties), ce qui semble prouver que l'inscription a été gravée par le même lapicide. Celui-ci fut d'ailleurs très peu soigneux dans son travail. En effet, dans la partie métrique, il lui arriva d'oublier à trois reprises une lettre qu'il dut ensuite ajouter plus haut. On a l'impression qu'il a commencé la gravure de l'inscription métrique dans le champ contenant la date, puis, après avoir gravé deux premières lettres (« ti»), il est revenu sur sa décision pour reprendre le travail juste au-dessous. La plage au-dessous de l'inscription métrique est couverte de lignes incisées obliques; d'autres lignes incisées longent les bords de la plaque.

D'après la pierre à Braunsberg, W. Weißbrodt, Verzeichnis Braunsberg, Sommer-Semester 1909, p. 18: seulement lignes 5-7. D'après la pierre copiée sur le marché des antiquités au Caire, B. Arvanitakis, Bull. Inst. Ég. 6 (1912), p. 169-171. D'après la pierre à Braunsberg, W. Weißbrodt, Verzeichnis Braunsberg, Sommer-Semester 1913,

p. 4-5, no. 3. (F. Preisigke, SB I 5718; A. Vogliano, Rendic. Reale Istituto Lombardo di Scienze e Lettere 48 (1915), p. 689-670). D'après la pierre à Braunsberg, S. de Ricci, Rev. épigr. 1 (1913), p. 145, no. 4: transcription en majuscule et en minuscule (F. Bilabel, SB IV 7288). D'après une copie de W. Weißbrodt, P. Roussel, REA 16 (1914),

p. 349-350. D'après un estampage et une photo, Peek, Gr. Vers-Inschr., no. 1842. idem, Gr. Grabgedichte, no. 426. D'après la pierre au Musée National de Varsovie, Sadurska, RMNW 4 (1959), p. 199-201, no. 8, fig. 9. D'après une photo de la pierre au Musée National de Varsovie, É. Bernand, Inscriptions métriques, p. 215-219, no. 47, pl. LXVII

Cf. A. Vogliano, Athenaeum 1 (1923), p. 262-263. I. Lévy, Journ. Asiatique 211 (1927), p. 301 (se basant sur la l. 7 suggère que l'inscription provient d'Alexandrie). W. Peek, Hermes 66 (1931), p. 333 (il lit lignes 1-2). idem, Hermes 67 (1932), p. 132 no. 8. SEG VIII 802 (seulement lignes 2-3). Lattimore, Themes, p. 143 (il cite lignes 2-3).

R. A. Wild, Water in the Cultic Worship of Isis and Sarapis [= Études préliminaires aux religions orientales dans l'Empire Romain 87], Leiden 1987, p. 248, no. 5 (sur le motif de l'eau fraîche accordée par Osiris dans l'au-delà). A. Łajtar, ZPE 125 (1999), p. 159, no. 72 (bibliographie).

I/II s. ap. J.-C., d'après la paléographie.

(e)/touj) ie /, Qw=q a? /.

ti/j qa/nen; - ÑHrwi/j. - pw=j kai\ po/te; - ga \s /tro\j e)/xouusa

o)/gkon e)n w)dei=sin qhkame/nh to\ ba/roj:

4 mh/thr d¡ h)=n pro\j mikro/n: a)pw/leto kai\ bre/f \o /j eu)qu/.

-h)=n de\ po/swn e)te/wn du/smoro \j /; - e)nne/a di/j

h(liki/hj a)/nqouj ÑHrwi/doj. - a)lla\ ko/nin soi

kou/fhn kai\ doi/h yuxro \n / )/Oseirij u(/dwr.

8 zh=ti

1. omis par Weißbrodt [1913], (e)/touj) absent chez Sadurska, LIEI Arvanitakis, Qw=q a? de Ricci, Qw\q l? Peek || 2. qa/nein Arvanitakis || 3. )Enw=de )/Isin qh/kamen - ˘ba/roj Arvanitakis, e)n ⁄d ¡ ei)=sin qh/kan e)/nipe ba/roj de Ricci, e)n ⁄ d ¡ ei)=sin qh/kan e)/nipe ba/roj Vogliano [1915], w)dei=sin lu par Vogliano [1923] et, indépendamment, Peek [1931], w)di=sin Peek, Gr. Grabgedichte (bévue), lire w)di=sin, t[e] ba/roj Weißbrodt [1913], te ba/roj Vogliano [1923], Peek [1931] || 4. dh/n Arvanitakis | eu)qu/[j] de Ricci, Weißbrodt, Bernand, eu)qu/j Vogliano || 5. th/n Arvanitakis || 6. h(liki/aj Vogliano || 7. )/Osirij Vogliano, lire )/Osirij || 8. omis par Weißbrodt [1913], Preisigke, Vogliano, Peek, Gr. Grabgedichte; zh/t(e)i de Ricci, zh/ti Bilabel, zh=ti (= zh=qi) Peek, Gr. Vers-Inschr., zh=(q)i Sadurska, lire zh=qi

Année 15, Thôth 1. Qui est mort? - Héroïs. - Comment et quand? - Elle portait le fruit de ses entrailles et déposa son fardeau dans les douleurs. Mais elle ne fut mère que peu de temps, et le nouveau-né mourut aussitôt. - Quel âge avait-elle, la malheureuse? - Héroïs avait dix-huit ans, elle était à la fleur de l'âge. - Eh bien, qu'Osiris te rende la poussière légère et t'accorde l'eau fraîche. Vis. (É. Bernand)

L'épitaphe présente la forme d'un dialogue entre le passant et la tombe de la défunte Héroïs. Les inscriptions funéraires de ce type ne sont par rares en Égypte; cf. É. Bernand, Inscriptions métriques, nos. 23, 43, 49 et 68. Trois épitaphes appartenant à la même catégorie forment une petite anthologie dans P. Oxy. IV 662 daté de la période d'Auguste; deux d'entre elles, composées par Léonidas de Tarente et Antipater de Sidon, figurent dans l'Anthologie Palatine (AP VII 163-164), la troisième, dont l'auteur fut Amyntas, n'est connue que par la version du papyrus; cf. A. S. F. Gow, D. L. Page, The Greek Anthology. Hellenistic Epigrams II, Cambridge 1965, p. 50.

2.         Pour le début du vers, É. Bernand établit un parallèle avec l' épigramme de Grégoire de Nazianze, AP VIII 46, 1: ti/j qa/nen w(j qa/ne No/nna. Sur les épigrammes commençant par l'interrogatif ti/j, po/qen voir aussi L. Robert, Hellenica IV [1948], p. 47, note 8.

2-3.L'expression gastro\j o)/gkoj revient chez Euripide; cf. Ion, 15: gastro\j dih/negk¡ o)/gkon et A. Nauck, Trag. Gr. Fragm.2 [1899], adesp., 186: plh/rei ga\r o)/gk% gastro\j au)/jetai Ku/prij.

7.         Les paroles adressées au maître du monde souterrain Osiris, le sollicitant d'accorder de l'eau fraîche au défunt, renouent avec les croyances égyptiennes en l'au-delà. Cette imploration revient dans quelques épitaphes d'Égypte (Memphis, Alexandrie), d'Afrique et de Rome dont la liste figure dans le livre de R. A. Wild, Water in the Cultic Worship of Isis and Sarapis et dans un article de D. Delia, JARCE 29 (1992), p. 189-190.

[A.Ł.]


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